L’évaluation des réserves de la mine Tenke Fungurume, l’un des plus importants contributeurs à la production de cuivre et de cobalt en RDC, est depuis des mois au cœur d’un différend entre la Gécamines, représentante du gouvernement, et le propriétaire chinois de l’actif.
En RDC, les comptes bancaires liés à la mine de cuivre Tenke Fungurume auraient été saisis. C’est ce que rapporte Reuters jeudi 23 juin, citant des sources proches de l’administrateur provisoire Sage Ngoie Mbayo, nommé en février par une ordonnance du tribunal pour superviser le projet à la place de son propriétaire chinois China Molybdenum.
Cette décision de l’administrateur lié faut-il le rappeler à la Gécamines, interviendrait en réaction aux mesures prises par la direction de la mine pour l’empêcher d’accéder au site. Après avoir annoncé sa prise de fonctions dans des vidéos début juin, M. Ngoie Mbayo aurait en effet tenté de se rendre à la mine escortée par la police. « Ils ont refusé de nous laisser entrer et il n’y avait aucune proportion de force entre la police avec laquelle nous avons été envoyés et les militaires congolais sur place », explique-t-il.
Si China Molybdenum ne confirme aucune de ces accusations, notons que la saisie des comptes pourrait perturber les opérations à la mine, dans le cas où elle empêcherait le groupe chinois de verser les salaires du personnel et de payer les sous-traitants. La conséquence finale pourrait alors être la baisse de la production sur un site qui a livré l’année dernière 18 501 tonnes de cobalt et 209 120 tonnes de cuivre.
Depuis le début de ce bras de fer, aucune déclaration officielle des autorités de Kinshasa n’est à signaler. La seule prise de position notable est le sursis décidé par le ministère des Mines à propos de l’ordonnance du tribunal, puis levé quelques semaines plus tard.
Il faut néanmoins souligner que les tensions ont débuté avec l’annonce de la révision des contrats miniers par le président Félix Tshisekedi et la mise en place d’une commission chargée de réévaluer les réserves de cuivre et de cobalt de la mine Tenke Fungurume. La Gécamines, qui détient les parts du gouvernement dans le projet, accuse en effet l’investisseur chinois de sous-évaluer les réserves afin de réduire les recettes versées à l’Etat.
Emiliano Tossou