Le rouble a poursuivi lundi 23 mai sa progression face au dollar, au plus haut depuis quatre ans face au billet vert, ainsi que contre la plupart des grandes devises, plusieurs acheteurs majeurs d'énergie russe ayant accepté le principe d'un paiement en roubles.
Vers 19H25 GMT (21h25 en France), le rouble gagnait 4,72% face au «greenback», à 0,1708 dollar. Plus tôt, il était monté jusqu'à 0,1755 dollar, pour la première fois depuis mars 2018, soit 57,00 roubles pour un dollar. La devise russe a aussi touché un sommet de près de huit ans face au yen, après en avoir fait de même contre l'euro, jeudi.
Le cours de la devise russe dopé
Environ la moitié des entreprises étrangères clientes du géant gazier russe Gazprom ont ouvert un compte en roubles auprès de Gazprombank pour pouvoir convertir en monnaie russe leurs règlements effectués dans la devise de leur choix, selon le vice-premier ministre russe Alexandre Novak. Et ce bien que l'Union européenne ait estimé, à plusieurs reprises, que ce mécanisme revenait à contourner les sanctions imposées à la Russie.
Ce nouveau flux de conversions en roubles a dopé le cours de la devise russe, qui avait plongé jusqu'à 177,26 roubles pour un dollar début mars, aux premiers jours de l'invasion de l'Ukraine. «Les sanctions visaient», entre autres, «à faire exploser leur monnaie, mais en réalité, cela l'a renforcée», a observé Brad Bechtel, directeur pour le marché des changes chez Jefferies. «Je pense que la Russie préférerait que sa devise cesse de s'apprécier», estime l'analyste. Le pays est, en effet, «plus pénalisé (...) qu'il n'est aidé parce qu'ils reçoivent moins de la vente de leur énergie.»
Les paiements étant effectués d'abord en devises étrangères, la conversion dans un rouble plus fort donne ainsi une somme moindre en monnaie nationale. Lundi, le ministère des Finances a annoncé la réduction prochaine de la proportion des revenus des exportateurs russes qu'ils devaient transformer en roubles, de 80% à 50%, signe d'un allégement des mesures de contrôle des changes mises en place par les autorités pour empêcher un effondrement de leur devise nationale.
Susceptible de priver la devise séculaire d'une partie de son soutien et soulager ainsi les exportateurs russes, la nouvelle n'a eu quasiment aucun effet sur les cours. Hormis les achats d'énergie, les volumes d'échange demeurent très limités sur le rouble, a prévenu Brad Bechtel. «Personne ne va vraiment spéculer sur le rouble parce que ce marché est détraqué», a-t-il expliqué.
Le Figaro