La compagnie publique congolaise Gécamines a reçu 10 millions de dollars sur la vente d’une concession minière en République démocratique du Congo à une filiale du groupe suisse Glencore dont les termes tardent à être rendus publics, a-t-on appris mercredi.
La Générale des carrières et des mines (Gécamines) indique sur son site internet avoir "conditionné son autorisation" à cette cession "au paiement en sa faveur de la somme de 10 millions" de dollars, et précise que la transaction a été réalisée en février.
Glencore avait confirmé jeudi dernier que sa filiale Mutanda Mining avait acquis ce permis d’exploitation 658 portant sur environ 170 ha auprès d’une coentreprise dans laquelle Gécamines détient une participation minoritaire, après la révélation de cette vente par l’agence Bloomberg.
Le groupe minier suisse n’a pas révélé le montant déboursé pour cette licence sur l’enclave de Kawama, située à l’intérieur du périmètre d’exploitation de Mutanda Mining, dont il détient 69% des parts, le reste appartenant à Fleurette Group, holding de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler.
Mutanda Mining produit du cuivre et du cobalt à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lubumbashi, capitale du Katanga, la grande province minière de la RDC.
Proche du président congolais Joseph Kabila, M. Gertler est soupçonné d’avoir acquis, comme bien d’autres, un certain nombre de concessions minières en RDC dans des conditions opaques.
La législation congolaise impose au gouvernement de rendre publiques les modalités de toute cession des ressources naturelles de l’État sous deux mois.
Mercredi, le ministère des Mines n’avait toujours pas publié sur son site internet le contrat de cession du permis 658 et on ignore la part touchée pour cette vente par le partenaire de la Gécamines, une filiale du groupe congolais Bazano (à l’actionnariat flou) qui possède 70% de la société commune qui détenait la licence sur l’enclave de Kawama.
Vendredi, le Centre Carter, ONG de défense des droits de l’homme fondée par l’ancien président américain Jimmy Carter, a pressé "le gouvernement de la République démocratique du Congo de révéler les termes de l’accord" de vente du permis 658 sur une "concession potentiellement riche" en cuivre et en cobalt.
Selon Fleurette Group, Mutanda Mining a produit environ 197.000 tonnes de cuivre et 14.400 tonnes de cobalt en 2014. Cela représente environ 20% de la production nationale de la RDC pour chacun de ces deux minerais.
La RDC est depuis juillet 2014, membre à part entière de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), qui développe "une norme mondiale visant à promouvoir une gestion ouverte et responsable des ressources naturelles".
Le secteur minier est le moteur principal de la forte croissance économique que connaît la RDC depuis plusieurs années.
En mars, le Fonds monétaire international (FMI) avait appelé les autorités congolaises "à consolider la gestion des ressources naturelles par l’amélioration de la transparence et de la gouvernance".
Faute d’avoir obtenu suffisamment d’informations sur une cession de parts dans une entreprise minière appartenant au portefeuille de l’État, le FMI avait suspendu en 2012 une ligne de crédit qu’il avait accordée à la RDC en 2009 et qui a périmé depuis lors.
La RDC, premier producteur mondial de cobalt, dispute aujourd’hui à la Zambie voisine la place de premier producteur africain de cuivre. En dépit de ses ressources naturelles immenses, l’ancien Congo belge reste l’un des pays les moins développés au monde.