Alors que l’inspection générale des finances (IGF) dénonce dans son récent rapport, des graves irrégularités dans l’application du contrat sino-congolais signé en 2008 [ minerais contre infrastructures, ndlr ], la partie chinoise a accepté de verser au moins 500 millions de dollars pour financer les infrastructures.
Cette révélation a été faite à la presse par Freddy Shembo, directeur général de l’Agence de pilotage de coordination et de suivi des conventions de collaboration ( APCSC) qui reconnaît que le rapport de l’IGF a augmenté la pression.
« Le président du conseil d’administration de CREC Ressources annonce 350 millions de dollars, plus 150 soit 500 millions pour les projets d’exécution, à exécuter par le ministère des Infrastructures », a confié à Top Congo Freddy Shembo qui a demandé 200 millions supplémentaires.
Ce contrat n’est pas à notre bénéfice
Intervenant au cours d’un briefing de presse organisé lundi 20 février à Kinshasa, le ministre des finances Nicolas Kazadi a indiqué qu’avec les chiffres avancés par l’IGF, les deux parties signataires de ce contrat vont négocier sur ce dossier dont le besoin de sa revisitation reste toujours pendante. Selon lui, ce contrat n’est pas bénéfique à la RDC
« Ce n’est pas la première qu’on puisse manifester l’intérêt de revenir sur ce contrat. Fondamentalement, le travail de l’IGF permet d’aller en détail dans le chiffre. Il n’y a rien de nouveau. Nous avons déjà annoncé à nos partenaires chinois qu’il y avait des choses à revoir. Maintenant qu’il y a des chiffres détaillés sur la table nous allons discuter avec eux. La Chine reste un partenaire important pour la RDC. Elle le restera encore pour longtemps. Nous n’avons pas envie de nous fâcher avec eux mais nous avons le devoir de défendre nos intérêts, notre vision et notre stratégie. Et il est clair que le contrat chinois aujourd’hui n’est pas à notre avantage. Nous n’avons reçu qu’environ moins d’un milliard d’investissements, nous avons exonéré dans beaucoup des taxes et charges mais ils ont généré des revenus qui dépassent 10 milliards de dollars », a indiqué Nicolas Kazadi.
Dans le même ordre d’idées, le porte-parole du gouvernement congolais a souligné que le rapport de l’IGF dénote l’importance de voir clair dans ce contrat et non brimer la partie chinoise.
« On ne peut pas nous empêcher de voir plus clair dans les choses telles qu’elles se faisaient. Nous avons besoin de regarder le passé puis voir comment on améliore l’avenir. Donc, il ne faut pas considérer lorsque l’IGF fait des évaluations parce qu’il y a un travail qui a été fait, il ne faut pas considérer qu’on veut brimer les chinois », a expliqué Patrick Muyaya.
200 millions USD de superprofits non payés par la SICOMINES
Outre le contrat minerais contre les infrastructures, a déclaré le ministre congolais des Finances, la SICOMINES refuse de payer au moins 200 millions de dollars américains de superprofits.
« Aujourd’hui nous avons un litige avec la même SICOMINES sur les superprofits qui ne sont pas concernés par les exonérations et malheureusement SICOMINES ne veut pas payer les 200 millions USD. Elle doit payer parce que c’est tellement clair: cet impôt ne fait pas partie des impôts exonérés au titre de la convention », a argué l’argentier de la RDC.
Dans son rapport rendu public la semaine dernière, l’IGF a révélé que le contrat sino-congolais n’était pas « gagnant-gagnant », regrettant que seulement 830 millions USD avaient été décaissés dans ce cadre, contre 10 milliards USD régénérés par la partie chinoise.
Depuis le mois de novembre, l’APCSC, l’agence de pilotage de coordination et de suivi des conventions de collaboration, avait commencé des négociations avec les entreprises chinoises pour qu’elles remplissent leurs engagements.
Le procès-verbal consacrant l’arrangement entre l’APCSC et les partenaires chinois de la Sicomines et CREC, a été signé par Freddy Shembo, Ruigang Zhang (CREC) et Sheng Li (SICOMINES)
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