La Commission européenne a effectué lundi de nouvelles inspections dans l'industrie automobile allemande, trois jours après une première inspection chez BMW, dans le cadre d'une enquête sur une affaire de cartel. Les fonctionnaires européens « ont effectué des inspections dans les locaux de constructeurs automobiles en Allemagne », indique Bruxelles.
La Commission, gardienne de la concurrence dans l'UE, souligne que ces inspections ont eu lieu lundi et que des inspecteurs de l'Office allemand des cartels étaient présents. Interrogés par l'AFP, Daimler et Volkswagen ont tous deux reconnu être visés par ces inspections de fonctionnaires européens.
"Des inspections qui avaient été annoncées sont en cours (...) nous coopérons entièrement avec les autorités", a expliqué Daimler, fabricant des voitures Mercedes-Benz, ajoutant cependant "ne pas savoir pour le moment si la Commission européenne ouvrira une procédure officielle antitrust".
Réunion secrètes
Le groupe Volkswagen a également dit que des inspecteurs de la Commission avaient "examiné des documents" à son siège à Wolfsburg (centre) ainsi qu'à celui de sa filiale Audi à Ingolstadt (sud-est). "Le groupe Volkswagen et les sociétés du groupe concernées coopèrent depuis longtemps avec la Commission européenne", a assuré le géant allemand.
Ces soupçons d'entente avaient été révélés cet été par les médias allemands et avaient écorné un peu plus l'image des constructeurs automobiles nationaux, déjà mise à mal par les tricheries sur les émissions polluantes des véhicules diesel. En juillet dernier, l'influent hebdomadaire Der Spiegel avait lancé l'affaire : selon lui, BMW, Daimler, Volkswagen, Audi et Porsche ont eu pendant plus de vingt ans des réunions secrètes pour s'accorder sur nombre d'aspects techniques de leurs voitures, notamment sur le système de filtration des émissions polluantes, lésant ainsi possiblement consommateurs et sous-traitants.
« Les inspections sont des étapes préliminaires dans le cadre d'enquêtes sur des activités » soupçonnées d'être « anticoncurrentielles », a souligné lundi la Commission dans son communiqué.
Intérêt du consommateur
Les cartels sont interdits dans l'UE puisqu'ils nuisent à la concurrence et aux consommateurs. Les entreprises qui s'entendent entre elles peuvent se voir infliger de lourdes sanctions. Dans le cas du secteur automobile allemand, la Commission européenne a confirmé que le groupe Daimler coopérait avec elle et qu'il bénéficiait de son programme de clémence, après lui avoir fourni un certain nombre d'informations.
Cependant, selon les informations du Point, pareille concertation n'est guère surprenante lorsqu'un problème posé (celui de la limitation des émissions) concerne l'ensemble des constructeurs qui s'approvisionnent chez les mêmes fournisseurs. Il s'agit alors de définir la meilleure stratégie technologique pour atteindre un but réglementaire unique et il n'est absolument pas établi dans ce cas que cela soit au détriment du consommateur.
Au contraire même puisque l'union faisant la force, une stratégie commune permet de diviser les frais engendrés par autant d'acteurs l'adoptant. Or, les très coûteux systèmes de dépollution n'ont que marginalement affecté la hausse des tarifs. Reste à prouver que l'entente, plutôt vertueuse dans ce cas, s'est cantonnée à répondre au mieux et au plus vite aux exigences de dépollution du législateur.
Les inspections de l'UE portent justement sur ce point avec, selon la presse allemande, la possible existence de commissions de travail secrètes remontant aux années 1990. Elles sont soupçonnées d'œuvrer au profit d'un front commun germanique (législation, prix, composants, etc.) dressé contre la concurrence étrangère. Si le jeu de la concurrence en a été faussé, la Commission européenne s'en saisirait et pourrait infliger des amendes allant jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires des marques concernées. On parle, pour certaines marques, de chiffres dépassant les 20 milliards d'euros d'amendes.