Ce jeudi 22 août 2019, à Kempinski Hotel Fleuve Congo, se tient un forum pour réfléchir sur la gratuité de l’éducation de base que le président Félix Tshisekedi veut immédiate pour l’année scolaire 2019-2020. Mais le secrétariat général à l’Enseignement primaire secondaire et professionnel (EPSP) a déjà une idée de ce que vaut cette gratuité : 2,9 milliards de dollars par an. Soit, environ un tiers de l’ensemble du budget national de la République démocratique du Congo.
D’abord, pour couvrir le frais de fonctionnement des écoles publiques, l’Etat doit débourser 113 millions de dollars pour supporter les frais de fonctionnement de 51.574 écoles publiques répertoriées par le secrétariat général de l’EPSP. Actuellement, le gouvernement ne finance qu’un peu plus de la moitié de ces établissements publics, soit 30. 773 écoles, pour un coût de 31, 489 millions de dollars. Et les 20.801 écoles restantes sont encore à la charge des parents, notamment à Kinshasa et à Lubumbashi.
Une fois que l’Etat aura comblé cette différence, il se posera alors la question de la pérennité de ce système de gratuité garanti d’ailleurs par la Constitution. Comment l’Etat compte-t-il s’y prendre pour ne plus déserter sa responsabilité régalienne ? Quelles sont les recettes de plus que le pays va engranger pour assurer les salaires des enseignants et leurs primes ? C’est la grande question ! « Nous voulons bien que cette politique de gratuité soit mise en place, conformément à la Constitution. Mais nous redoutons que les choses s’arrêtent parce que les recettes de l’Etat ne suivent pas », a déclaré un parent.
Déjà, les différents budgets nationaux adoptés durant les cinq dernières années n’ont pas offert la part belle à l’éducation. En 2016, par exemple, la répartition du budget ne concédait à l’enseignement que 15,29 % du budget. L’enseignement primaire dont le débat sur la gratuité est d’actualité n’a eu que 0,11%. Et l’enseignement secondaire général, 0,17%, dans le dernier budget du Premier ministre, Matata Ponyo.
Pour que le système prenne son envol, l’Etat congolais doit cerner toute la sphère du problème afin d’éviter aux parents une politique spectacle. Trouver plus de 2 milliards de dollars chaque année uniquement pour l’enseignement primaire et secondaire constitue un défi énorme qui requiert en même temps le changement de mentalité dans la collecte des recettes de l’Etat ainsi que leurs affectations.
La France, par exemple, qui se pointe en 3ème position pour ce qui est de la part des dépenses d'éducation dans le PIB national, injecte, chaque année, 137,4 milliards d'euros. Soit, 4. 356 euros par seconde sont dépensés chaque jour pour l'éducation.
Dido Nsapu / MMC