Il n’y a pas que dans le secteur minier et les hydrocarbures où l’Etat congolais fait preuve de laxisme. La responsabilité de l’Etat est également engagée dans les menaces qui pèsent sur la forêt nationale avec risques de se retrouver en situation de désertification malgré de nombreuses forêts denses dont regorge le pays.
Hier comptée parmi les forêts denses nationales, dont celle équatoriale, la forêt de Mayombe, dans la province du Kongo Central, a presque disparu à cause de la mauvaise exploitation de ses bois.
Un doigt accusateur est pointé en premier lieu sur le gouvernement, pour n’avoir pas joué son rôle dans la gestion de la forêt.
Même la biosphère de Luki n’existe plus. Tout a été exploité abusivement et continue de l’être sous les regards impuissants, sinon complices et complaisants des services de l’Etat censés veiller à la protection de ce patrimoine national. Renseignements pris, on laisse entendre que le déboisement de la forêt de Mayombe a été occasionné par des entreprises appartenant aux dignitaires tant civils que militaires de différents régimes qui se sont succédé à la tête de la République Démocratique du Congo.
Procédant à la coupe des bois sans observer aucune norme en la matière, ces entreprises maffieuses ont fini par détruire complètement la forêt de Mayombe. Pire encore, on signale qu’elles continuent leurs activités illégales jusqu’à ce jour.
Hormis ces dignitaires qui agissent par personnes interposées, il y a aussi des entreprises bien connues dans le domaine de l’exploitation forestière qui sont citées comme responsables de la disparition de la forêt du Mayombe.
Tous les exploitants de la forêt du Mayombe ont pour tare commun : le non respect des normes en matière de la coupe des bois. Curieusement, tout se passe comme s’il n’y avait pas de services de l’Etat habilités à contrôler et faire le suivi sur le terrain du travail des sociétés d’exploitation forestière.
La politique du reboisement inexistante !
Pourquoi y a-t-il disparition des forêts ? Où sont passés les services de l’Etat ? Que fait-on des recettes issues des taxes que payent les sociétés d’exploitation forestière ?
Toutes ces questions méritent d’être posées, parce que si le gouvernement s’assumait on n’en serait pas là. Quelques entreprises d’exploitation forestière légalement enregistrées, renseignent qu’elles s’acquittent correctement de leurs obligations vis-à-vis de l’Etat, à travers notamment le paiement des taxes de reboisement.
Si tel est le cas, le problème résiderait alors au niveau de la gestion du fonds alloué au reboisement. Qu’est-ce qu’on fait de l’argent destiné au reboisement des forêts en vue d’assurer le remplacement des vieux arbres qu’on coupe ?
Toujours dans le cadre de la préservation des forêts, on s’interroge sur le travail des fonctionnaires du ministère de l’Environnement habilités à veiller au respect des normes internationalement admises.
Ces agents de l’Etat descendent-ils sur le terrain ? Quel travail font-ils parce qu’on déplore toujours la mauvaise exploitation des forêts congolaises ? De deux choses l’une. Soit ils n’effectuent pas de descentes sur le terrain pour constater si les normes sont respectées ou pas en matière de coupe des bois, et aussi si ceux qui sont censés procéder au reboisement font réellement leur travail. Soit ils descendent pour la simple formalité, et ferment les yeux face aux abus constatés pour des raisons évidentes. C’est-à-dire leur silence est acheté comme la corruption semble devenue un fait normal en RDC.
Le Président de la République a vraiment du travail pour faire aboutir sa politique de lutte contre la corruption, son cheval de bataille, pour remettre le pays sur les rails. Car, ceux qui s’alimentent avec cette gangrène « corruption » doivent être totalement découragés.
Quid du fonds carbone !
D’après les analystes, aussi longtemps que le pays n’aura pas cessé avec les antivaleurs pour mettre en place une politique nationale cohérente d’exploitation forestière qui tienne compte des normes internationales admises, il sera difficile à la RDC d’accéder au bénéfice du fonds carbone, ces milliards de la communauté internationale destinés à combattre le changement climatique.
L’accès à ce fonds reste conditionné par le respect des normes en matière d’exploitation forestière. On rappelle que le Bassin du Congo constitue le deuxième poumon mondial de la planète, après l’Amazone au Brésil.
Dom / Le Phare