Deux projets à vocation essentiellement agricole et porteurs de croissance ont démarré officiellement hier lundi 7 mai à Kinshasa. Il s’agit du Programme Intégré de Croissance Agricole dans les Grands Lacs (PICAGL) et du Projet d’Appui à la Réhabilitation et à la Relance du Secteur Agricole - Financement Additionnel (PARRSA-FA). Initiatives de la République démocratique du Congo, ces projets bénéficient du financement de la Banque mondiale.
C’est à Kempinski Hôtel Fleuve Congo, dans une salle noire de monde, que s’est déroulée la cérémonie de lancement solennel des projets PICAGL et PARRSA-FA. Présidée par le ministre congolais des Finances, M. Henri Yav, la manifestation s’est tenue en présence de membres du Gouvernement central et des gouvernements provinciaux. Etaient également présents des membres du corps diplomatique et plusieurs hauts cadres de la Banque mondiale, en l’occurrence le nouveau Directeur des opérations.
En lançant officiellement ces deux projets au nom du Gouvernement congolais, le ministre Henri Yav a tenu, de prime abord, à remercier la Banque mondiale pour son engagement dans l’appui à la relance agricole en RDC. L’autorité congolaise a également salué l’intervention salutaire de cette institution de Bretton Woods qui a consenti de mobiliser, à travers le programme PICAGL, 152 millions de dollars américains pour assurer la lutte contre la pauvreté dans la région des Grands Lacs.
152 MILLIONS DE DOLLARS POUR L’EXECUTION DE PICAGL
"Projet régional, PICAGL est financé par un crédit IDA à hauteur de 150 millions de dollars américains et 2,7 millions de dollars par un don japonais", a précisé à cet effet Alfred Kibangula Asoyo, Coordonnateur national de Parrsa, qui aura également à superviser ce nouveau programme.
"Approuvé en date du 21 juin 2016 et mis en vigueur depuis le 16 mars 2018, PICAGL a une durée de cinq ans, a souligné Alfred Kibangula. Son lancement ce jour, après un long moment d’attente, constitue un motif de joie et de fierté pour les bénéficiaires et les autorités de l’aire d’intervention".
UN PROJET POUR LE SUD-KIVU ET LE TANGANYIKA
"Ce projet sera, en effet, mis en œuvre dans le corridor Bukavu - Uvira-Fizi, dans la province du Sud-Kivu, et à Kalemie dans la province du Tanganyika", a fait remarquer le Coordonnateur national. "Il vise, poursuit-il, à augmenter la productivité agricole et la commercialisation dans les zones ciblées de la RDC. Il permettra également d’améliorer l’intégration régionale et d’apporter une réponse immédiate et efficace en cas de crise ou d’urgences déclarées".
TROIS ANS POUR PARRSA-FA
Quatre composantes sont ciblées dans ce programme, indique Alfred Kibangula. Il s’agit du développement de la chaine de valeur agricole, de l’appui au développement du secteur agro-industriel, de l’intégration régionale et du renforcement des services d’appui. Y compris la gestion et le suivi-évaluation du projet.
Parmi les objectifs poursuivis, PICAGL devra atteindre 200.000 ménages agricoles, aménager 4.000 hectares de périmètres rizicoles et réhabiliter 540 kilomètres de routes de desserte agricole, annonce le Coordonnateur national.
Outre le programme PICAGL, la Banque mondiale a octroyé à la RDC un crédit IDA à hauteur de 75 millions de dollars, à titre de financement additionnel du projet PARRSA et un don CAFI d’une valeur de 3.640.000 dollars pour une durée de trois ans, signale Alfred Kibangula. Cet appui, rappelle-t-il, est destiné à consolider voire pérenniser les acquis du projet initial.
"Mis en œuvre depuis le 31 décembre 2010 dans la partie nord de l’ancienne province de l’Equateur (Nord-Ubangi, Sud Ubangi et Mongala) ainsi que dans le Pool Malebo, à Kinshasa, le PARRSA devait se clôturer initialement le 15 décembre 2015. Mais, au regard de la non finalisation des activités qui étaient prévues, ce projet a vu son extension repoussée jusqu’au 30 novembre 2017, de manière à permettre l’achèvement de certaines de ses activités… C’est dans cette optique que la phase additionnelle devra être exécutée jusqu’au 16 mars 2020", explique Alfred Kibangula.
LES INNOVATIONS DU NOUVEAU PROJET
Aux dires d’Alfred Kibangula, contrairement au financement initial, la couverture géographique de PARRSA-FA s’étendra aux territoires de Libenge, dans la province du Sud Ubangi, et de Bongandanga, dans celle de la Mongala. Autre innovation, ’’le projet additionnel permettra de développer des filières de cultures pérennes telles que le café et le cacao. Ses activités s’intéresseront, en outre, à la nutrition, à l’agriculture climato-intelligente, au genre et à la création d’emplois de jeunes’’, renseigne le Coordonnateur national de ce projet porteur.
Ministre congolais de l’Agriculture, Georges Kazadi Kabongo s’est réjoui du lancement de ces deux projets à vocation essentiellement agricole, qu’il considère comme ’’une réponse aux nombreuses préoccupations des jeunes quant à la création d’emplois dans l’ensemble de la chaîne de valeur’’.Il a particulièrement salué les gestionnaires de Parrsa qui ont réussi, dans le passé, à générer plus de 50.000 emplois dans l’ex-Equateur.
Pour le ministre Georges Kazadi, les deux projets réservent aux Congolais des lendemains meilleurs, au regard du nombre des bénéficiaires touchés par le PARRSA dans sa phase initiale (105.000 ménages) et celui à atteindre dans sa phase additionnelle (155.000 ménages), ajoutés à cet effectif les 200.000 ménages visés par PICAGL.
Ce sera donc l’occasion de garantir la sécurité alimentaire et de générer l’emploi auprès particulièrement des jeunes congolais pour qui l’agriculture était encore perçue comme ’’un vestige du passé et l’antithèse du progrès’’.
Yves KALIKAT / forum des as