Plus de deux semaines après sa découverte, les causes de la fuite qui a touché la Station spatiale internationale (ISS) ne sont toujours pas plus claires. Les choses ont même empiré depuis le 4 septembre, quand la Russie a précisé que le trou n'a pas été causé par une micrométéorite, mais par une perceuse et donc par un humain.
Le trou, qui se situe sur l'un des modèles du vaisseau russe Soyouz amarré à la station, aurait été causé "par une main hésitante", précisait Dmitri Rogozine, le patron de Roscosmos, l'agence spatiale russe. Et d'ajouter, ce qui mit le feu aux poudres: "Est-ce un défaut de fabrication ou un acte prémédité?", allant jusqu'à dire que les autorités n'excluent pas "une interférence délibérée dans l'espace".
Depuis, alors que la fuite a été bouchée, de folles rumeurs ont commencé à sortir dans la presse russe, note Ars Technica. Citant des sources anonymes au sein de Roscosmos, plusieurs médias, dont le Kommersant mercredi 12 septembre, affirment qu'une enquête russe en cours soupçonne clairement un sabotage de la part des astronautes américains à bord de l'ISS.
L'improbable rumeur d'un sabotage pour un retour gratuit
Voici, en gros, la théorie "version B" qui serait examiné par les autorités russes: l'un des Américains tombe malade en août et a donc besoin de rentrer. Mais il ne peut pas partir seul: il faut obligatoirement trois personnes à bord d'un vaisseau Soyouz (pour des questions de sécurité), les seuls à être capables d'emmener et de ramener des êtres humains dans la Station spatiale internationale.
Sauf que le prochain départ n'est pas prévu avant le 4 octobre. Et si la Nasa demande un départ précipité, elle devra en payer le prix. Or, une place à bord d'un Soyouz coûte la bagatelle d'environ 80 millions de dollars.
Les astronautes américains auraient donc percé un trou dans le vaisseau (dans une pièce non essentielle pour le retour sur Terre) afin de forcer Roscosmos à faire rentrer le Soyouz précipitamment.
La Nasa et Roscosmos calment le jeu
Officiellement, Dmitri Rogozine a précisé au Kommersant que les premiers résultats de l'enquête "ne nous donnent pas une image objective. La situation est bien plus complexe que nous le pensions". Dans une interview accordée à ABC News la veille, le mardi 11 septembre, le commandant américain de l'ISS, Drew Feustel affirmait "sans équivoque que l'équipage n'a rien à voir avec tout cela".
Depuis la publication des rumeurs dans les médias russes, les directeurs de la Nasa et de Roscosmos ont eu une conversation téléphonique. Dans un communiqué commun, les deux agences spatiales précisent que face aux "spéculations circulant dans les médias", elles "reportent toute conclusion préliminaire tant que l'enquête ne sera pas finalisée".
Surtout, ils "font savoir que la totalité de l'équipage est dédié à l'exploitation de la station et de tous les vaisseaux amarrés en toute sécurité et dans le but d'assurer le succès de la mission".
Erreur de construction russe ?
La théorie d'un sabotage à bord de l'ISS est bancale, "ridicule", selon Ars Technica. Surtout, une autre théorie, évoquée au début de l'affaire, est plus plausible.
Selon Ria Novosti, citant des sources dans l'industrie spatiale russe, le trou serait dû à une erreur d'un employé qui aurait ensuite tenté de réparer cela avec une "colle spéciale", plutôt que d'en parler à ses supérieurs.
Il faut dire que le programme spatial russe a du plomb dans l'aile depuis quelques années. Si une telle erreur a eu lieu pendant la construction du vaisseau spatial, cela donnerait à nouveau un mauvais signal, au moment où deux sociétés privées américaines, SpaceX et Boeing se préparent à envoyer des êtres humains à bord de l'ISS pour la première fois.
Avec Huffington