Le G7 au Canada a tourné au fiasco samedi: d'un tweet rageur, Donald Trump a retiré son soutien au communiqué commun obtenu dans la douleur, rejetant la faute sur des propos de Justin Trudeau qu'il a qualifié de «très malhonnête».
Le président américain a tweeté depuis Air Force One: «En raison des fausses déclarations de Justin à sa conférence de presse, et du fait que le Canada impose des taxes massives sur nos agriculteurs, travailleurs et entreprises américains, j'ai demandé à nos représentants américains de retirer le soutien au communiqué, tandis que nous envisageons des tarifs sur les automobiles qui inondent le marché américain!».
La volte-face est spectaculaire. Déjà parti au moment de la publication de ce fameux communiqué, Donald Trump avait fait savoir à la presse voyageant avec lui à bord d'Air Force One qu'il y souscrivait.
Avant de changer d'avis quelques heures plus tard après avoir pris connaissance des propos de Justin Trudeau. Un haut responsable de la Maison-Blanche a confirmé que le président était «en colère».
Concluant deux jours de débats laborieux à La Malbaie, Justin Trudeau a, lors de sa conférence de presse de clôture, réutilisé le terme d'«insultantes» pour qualifier les taxes tout juste imposées par les États-Unis sur l'acier et l'aluminium importés. Et il avait promis d'y répliquer «sans sourciller».
Le cabinet du premier ministre canadien s'est seulement fendu d'une réponse laconique: «Nous nous concentrons sur tout ce que nous avons accompli ici au sommet G7. Le premier ministre n'a rien dit qu'il n'avait pas déjà dit auparavant, autant publiquement qu'en conversations privées» avec le président américain.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a appris la nouvelle au décollage de son avion. Ses services n'ont voulu faire aucun commentaire dans l'immédiat.
Le tweet de Donald Trump rend de facto caduque la déclaration commune sur le commerce grâce à laquelle le «Groupe des sept» (États-Unis, Canada, Italie, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon) avait tenté de sauver la face. Et ce alors que les autres dirigeants, eux-mêmes dans l'avion pour rejoindre leurs pays respectifs, ne peuvent réagir dans l'immédiat.
Ce texte critique le «protectionnisme», qu'incarne pourtant le président américain, et s'engage à «moderniser» l'Organisation mondiale du commerce.
Que pesaient de toute façon ces quelques lignes difficilement négociées face à un Donald Trump prêt à toutes les confrontations pour réduire le déficit des échanges américains? Quitte à déclencher une guerre commerciale ouverte, comme le montre sa menace réitérée de taxer les importations de voiture.
S'il la met à exécution, le conflit commercial larvé entre les États-Unis et leurs partenaires tournerait à la guerre commerciale ouverte.
Donald Trump vise en particulier les taxes européennes sur les importations de voitures en provenance des pays hors UE qui s'élèvent à 10%, quand les droits de douane américains ne s'élèvent qu'à 2,5%.
«Nous sommes la tirelire que le monde entier pille. Cela va cesser», avait déjà tempêté le milliardaire de 71 ans avant de quitter un sommet où il est passé en coup de vent.
Justin Trudeau, pris pour cible par le président américain, n'est pourtant pas le seul à rendre coup pour coup en matière tarifaire.
Le président français Emmanuel Macron a lui prévenu, lors de sa propre conférence de presse à La Malbaie, qu'il n'y avait «pas de changement» en ce qui concerne les contre-mesures européennes annoncées sur le bourbon ou les motos américaines, en riposte aux taxes américaines sur l'acier et l'aluminium.
Malgré les sourires des dirigeants à la fin du sommet, le G7 a donc été dynamité par un Donald Trump qui goûte bien plus la confrontation bilatérale brutale que les longues négociations multilatérales. Jusqu'à provoquer le fiasco final de la rencontre.
Le président américain était arrivé le dernier et reparti le premier du cossu Manoir Richelieu, surplombant le fleuve Saint-Laurent. Il a aussi séché une réunion sur le climat.
Donald Trump n'a jamais caché qu'il donnait la priorité à sa rencontre de mardi avec M. Kim. «C'est une occasion unique» d'arriver à un accord nucléaire avec Pyongyang qui «ne se représentera jamais», a-t-il assuré
Avec TVA