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Le Sommet de Paris sur le financement des économies africaines se tenait ce mardi 18 mai. Un grand rendez-vous international, centré sur l’épineuse question de la dette, auquel la Chine a participé, par visioconférence. Si l'on prête bien des appétits financiers à Pékin en Afrique, les investissements chinois sont pourtant en forte baisse, et le centre de gravité du service de la dette se déplace. 

 

Avant que la pandémie de Covid-19 ne ravage les économies du monde entier, les investissements chinois se tassaient déjà. Sur un montant total de 920 milliards dans le monde sur la période 2016-20, l’équivalent du PIB annuel des Pays-Bas, 11% sont allés en Afrique subsaharienne – l’équivalent du PIB annuel de la Côte d’Ivoire.

Selon le China Global Investment Tracker de l’American Enterprise Institute (AEI), un think-tank conservateur américain, les stocks d’investissement chinois ont connu un pic record de 34,5 milliards de dollars en 2013 en Afrique subsaharienne. Un chiffre à comparer aux 248 milliards d’euros de stocks d’investissement européens en Afrique la même année selon Eurostat.

2013 correspond à l’annonce par les autorités chinoises du vaste plan dénommé « Yidai Yilu » ou « corridor terrestre et route maritime », traduit en Occident par « les nouvelles routes de la soie ».

Plutôt qu’une conquête savamment orchestrée du monde, « ce plan se traduit surtout par la mise en place de garanties étatiques extraordinaires pour financer l’expansion déjà engagée depuis des années des mastodontes publics chinois tels que Petrochina (1,5 millions d’employés) », signale l’expert français Jacques Gravereau. 

Depuis 2018, les investissements chinois se trouvent en chute libre selon l’AEI, et sont tombés à 7,1 milliards de dollars entre 2019 et 2020. La tendance est globale et l’investissement chinois chute partout sauf au Moyen-Orient, relevait déjà en mai 2019 la revue Foreign Policy. Ce déclin assombrit aujourd’hui les perspectives de relance mondiale.

Les dix pays qui intéressent le plus la Chine

Le premier pays le plus attrayant pour les entreprises chinoises sur la période 2016-20 n’est autre que le Nigeria (20,9 milliards de dollars), grand producteur pétrolier, suivi par l’Égypte (12,1), où le projet pharaonique de nouvelle capitale administrative d’Al Masa, à 45 km du Caire, est en construction depuis 2016 avec nombre d’entreprises chinoises. 

Viennent ensuite le Kenya pour son port de Mombasa, la République démocratique du Congo pour ses métaux (7,6 milliards chacun sur 2016-20), l’Angola pour son pétrole (7,3), la Zambie pour son cuivre (6,7), l’Éthiopie pour son agriculture, ses transports et les produits chimiques (5,9), suivie par le Ghana (5,4), le Zimbabwe (4,6) et la Tanzanie (4,2).

Les secteurs qui drainent le plus d’investissements chinois en Afrique, selon l’AEI, sont l’énergie et les transports, quatre à trois fois plus que les métaux et la construction.

L’Angola, l’Ethiopie et la Zambie empruntent le plus

 

Difficile de pousser plus loin l’analyse sans se pencher sur la dette africaine à l’égard de la Chine. Comme le rappelle l’Institut Bruegel à Bruxelles, « l’investissement effectif de la Chine en Afrique est plus petit que ses flux financiers générateurs de dette, en particulier dans le financement de projets ». 

Les engagements de prêts chinois en Afrique subsaharienne s’élèvent à 153 milliards de dollars sur la période 2000-18, selon la China Africa Research Initiative de l’Université John Hopkins, qui a lancé en 2020 une plateforme détaillée de données accessibles au public. Après avoir atteint un sommet en 2016 (28,4 milliards de dollars), ces lignes de crédit ont chuté de moitié en 2017 pour s’établir à 7 milliards de dollars en 2019. 

Ces prêts de banques publiques et privées ne vont pas nécessairement aux pays où la Chine investit le plus. On retrouve certes l’Angola (43,2 milliards sur la période 2000-18), l’Éthiopie (13,7), la Zambie (9,7), le Nigeria (6,2) et le Zimbabwe (2,9) dans cette liste, mais apparaissent aussi le Soudan (6,8), le Cameroun (5,9), le Congo-Brazzaville (5,1) et le Ghana (3,7).

Le service de la dette chinoise a explosé partout, s’élevant à 58% du total à Djibouti et en Angola, 46% en Guinée et 45% au Cameroun selon le China Africa Research Initiative. Le tout, sans possibilité de restructurer les échéances au Club de Paris, la négociation étant strictement bilatérale avec la Chine et pouvant prendre la forme de troc. On l’a vu en 2018 avec la tentative de mainmise sur le port de Mombasa, en échange d’une dette impayée de 2 milliards par le Kenya sur son projet de ligne de train TGV entre Mombasa et Nairobi.

« Le centre de gravité du service de la dette chinoise en Afrique se déplace vers l’Afrique de l’Ouest », note par ailleurs Jacques Gravereau. Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali et Niger empruntent en effet de plus en plus à la Chine.

RFI

 

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