Moins médiatisés que les trafics de « diamants du sang » sierra-léonais ou ougandais, les transferts illégaux d’or alimentent le pillage de certaines nations africaines, tout autant que leur déstabilisation politique durable. Qualifiée de « scandale géologique » pour ses richesses naturelles presque indécentes, la RDC n’a pas échappé aux conflits de prédation qui accompagnent la richesse naturelle.
De l’or « équitable » ?
Les questions économiques et sécuritaires qui figurent en filigrane du commerce de l’or constituent également l’architecture de la campagne électorale qui s’annonce, en prévision des scrutins congolais de décembre prochain. Candidat à sa succession, Félix Tshisekedi a décidé de marquer les esprits en scellant un accord officiellement destiné à entraver le trafic d’« or du sang » au profit de l’or « équitable ».
Ce partenariat commercial entre la RDC et les Émirats arabes unis prévoit le transfert de métal précieux « certifié » entre les deux pays. « Transparence inédite », « encadrement social » et « volume » semblent les maîtres mots du deal congolo-émirati. Pour ce qui est de la traçabilité, la joint-venture Primera Gold DRC SA a été créée pour l’occasion, détenue à 55% par les Émirats Arabes Unis et 45% par la République Démocratique du Congo. Pour ce qui est de l’encadrement social, il a été promis à 30 000 mineurs artisanaux un « revenu régulier ainsi que l’accès aux soins et à l’éducation pour leurs familles ».
Depuis quelques années, le petit État du Golfe fait preuve d’un activisme certain sur le continent africain, de la Guinée à l’Égypte, en passant par l’Éthiopie et le Soudan. Les leaders émiratis et les autorités congolaises ne comptent pas cantonner leur collaboration au seul secteur aurifère. Des partenariats sont prévus pour trois autres ressources également désignées comme des minéraux de conflit, les métaux communément appelés 3T : étain (« tin » en anglais), tungstène et tantale.
Jeune Afrique