Le Fonds monétaire international met la pression sur les autorités congolaises pour une bonne gestion des ressources minières. L’institution financière a demandé au début de la semaine, le 15 septembre dernier, à la République démocratique du Congo de la « transparence » dans ses contrats miniers. Et c’est même une exigence, puisque le FMI fait de cette transparence une condition avant toute négociation pour un prochain programme d'aide à Kinshasa.
L’exigence de la publication des contrats miniers est un combat de la société civile congolaise depuis plusieurs années. Dès son arrivée à la tête du pays début 2019, le président Félix Tshisekedi s’est engagé à améliorer la gouvernance, tout en précisant qu’il ne ferait pas l’audit de la gestion de son prédécesseur. Mais le secteur minier a du mal à rompre avec le passé. Jean-Claude Mputu,porte-parole de la campagne « le Congo n’est pas à vendre ». « Il y a ces contrats conclus par la Sokimo dans la vente d’or, avec des juniors inconnus totalement dans le secteur : deux entreprises d’origine canadienne, que la société civile a dénoncées depuis longtemps, parce que c’est pour nous un pillage organisé des actifs de la Sokimo, en complicité avec le pouvoir. »
La Sokimo n’est pas la seule entreprise publique qui a dépassé les délais de publication d’un contrat après sa signature ; l’autre, c’est la Miba, la Minière de Bakwanga installée à Mbuji-Mayi, en affaires avec AM Developments International, un groupe roumain plutôt spécialisé dans la construction. Maître Daudet Kalume, de la Cogep, la Coalition pour la gouvernance des entreprises publiques du secteur extractif. « La loi congolaise, donc le code minier, exige que tout contrat minier soit publié dans les 60 jours. Je comprends que le Fonds monétaire international demande à la RDC de respecter sa propre loi. Les contrats doivent être publiés pour que les citoyens congolais comprennent. AM signe le contrat avec la Miba, les citoyens congolais doivent comprendre ce qui est prévu dans le contrat et ce que l’Etat congolais et la Miba vont gagner dans ce contrat. »
Pour Emmanuel Umpula, responsable d’Afrewatch, l’observatoire africain des ressources naturelles, la pression du Fonds monétaire international sur le gouvernement congolais est indispensable. « Beaucoup d’argent aurait pu être mobilisé localement, malheureusement, par manque de transparence et de bonne gouvernance, l’Etat n’arrive pas à capter cet argent. C’est un non-sens que l’Etat puisse laisser les gens puissent détourner ou piller ses revenus, pour aller ensuite chercher des prêts auprès du FMI par exemple. Nos lois sont claires, on parle de la transparence, dans le code minier par exemple. C’est dans la pratique, dans les faits que les problèmes se posent. »
La société civile congolaise considère que l’exigence de la publication des contrats miniers est un moyen efficace de prévention de la corruption. En décembre dernier, le FMI a prêté à la RDC en procédure d’urgence 360 millions de dollars. Un autre montant de 363 millions de dollars a été décaissé en avril dernier, pour aider la RDC à faire face à la pandémie de coronavirus.
RFI