Le conflit minier entre la Société Minière de Bisunzu (SMB) et la Coopérative des Exploitants Artisanaux Miniers de Masisi date de plusieurs années. Il continue de faire des victimes, notamment morts d'hommes dans la zone minière de Rubaya, en territoire de Masisi où se trouve le Périmètre d'exploitation (P.E 4731) de plus de 3.000 hectares. Là travaillent plus ou moins 8.000 creuseurs artisanaux encadrés par la Cooperamma.
À la base de ce conflit, des irrégularités qui avaient animé l'installation de la SMB à Rubaya et le non-respect de ses engagements vis- à-vis de la Cooperamma font que la cohabitation entre ces deux structures minières devienne quasi impossible. Et ce, malgré les appels au calme lancés par l'autorité provinciale.
La Cooperamma est la structure minière qui encadre le plus grand nombre de creuseurs artisanaux de la province du Nord-Kivu dont certains sont devenus des "Négociants" auprès de qui la Société Minière de Bisunzu est censée acheter les minerais.
Selon les informations recueillies sur terrain, en lieu et place des négociants et, même sans passer par la coopermma comme le prévoit le code minier, la SMB mène des manoeuvres sur terrain pour se procurer directement ces minerais.
Parmi les irrégularités signalées, il y a celle liée au titre minier que la SMB a obtenu sans respecter la procédure réglementaire telle que stipulée dans le code minier de la République démocratique du Congo.
"Ce titre superposé à celui de Sakima S.A avait été obtenu par la fraude. La SMB avait trompé qu'il y avait vacance pour ainsi obtenir en 2001 le permis de prospection, le permis de recherche suivi du permis d'exploitation la même année pendant que les artisanaux y exerçaient depuis 1985 avec des permis d'exploitation artisanale. Ce permis obtenu dans les agglomérations, les pâturages et les champs agricoles suscitent des remous de la part de plus de 80.000 ménages vivant dans cette zone minière", note Vincent Zilimwabagabo, président de la Cooperamma.
De plus, jusqu'à ce jour la SMB n'a jamais présenté à l'État congolais le document d'impact environnemental et social exigé par le code minier qui devrait démontrer une étude environnementale et faire voir son apport social auprès de la population et qui devrait avoir le concours de la population.
Il faut au moins 5 ans pour passer du permis de prospection au permis d'exploitation pendant que pour la SMB, la procédure a été d'une durée de 6 mois, ce qui étonne plus d'une personne.
"Hormis toutes ces irrégularités signalées, la SMB n'a pas réussi à payer les frais de rémunération des services rendus et même les frais d'achat des minerais pendant la période allant de 2019 à ce jour", souligne le président de la Cooperamma
En outre, la coopérative fustige le fait que la SMB qui se prétend être une société industrielle, n'a aucun indice d'industrialisation des minerais. Tous les minerais qu'elle exporte viennent des exploitants membres de la Cooperamma.
L'on se poserait même la question de savoir où va le coltan de Masisi que les creuseurs artisanaux extraient des mines.
"La Cooperamma est le premier producteur du coltan en Afrique et le 3ème au monde. Mais la RDC n'est pas placée parmi les meilleurs producteurs du coltan. Où va ce coltan produit par la Cooperamma vendu à la SMB? ", s'interroge la Cooperamma.
Par ailleurs, la Cooperamma accuse la SMB de recourir au service de la police pour garder les sites miniers, en violation de l'interdiction du chef de l'État faite à la Police et à l'armée de se retrouver sur les sites miniers.
Actuellement, la Cooperamma a attaqué en justice le titre de la SMB qui, selon elle, est un "faux"
Vincent Zilimwabagabo, président de la Cooperamma et l'actuel président de la Fédération des coopératives minières du Nord-Kivu, sollicite de l'État l'encadrement administratif et financier des coopératives minières du Nord-Kivu.
Le gouvernement national comme provincial sont appelés à s'investir pour mettre fin au conflit minier dans le Masisi qui a déjà fait tant de morts dont certains cadavres sont encore à la morgue de l'hôpital provincial du Nord-Kivu, à Goma depuis juillet 2019.
L'implication personnelle du chef de l'État est très attendue
M. Boasi / le potentiel