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Catégorie : Europe
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Moscou a lancée une levée de fonds de 500 millions de dollars, sa première depuis 2013, malgré les sanctions occidentales. La demande a atteint 5,5 milliards de dollars.

La Russie a réussi son pari  ? Moscou a lancé lundi sa première émission obligataire en dollar depuis 2013, pour un minimum de 500 millions de dollars à 10 ans. Un montant modeste qui pourrait être étendu à 3 milliards de dollars . Les ordres ont en effet atteint 5,5 milliards de dollars malgré un contexte particulièrement difficile.

Les sanctions internationales imposées à la Russie en 2014 après l'annexion de la Crimée et son soutien présumé aux séparatistes ukrainiens ont en effet considérablement diminué les sources de financement du pays. Ses réserves en devises ont particulièrement souffert, la banque centrale ayant dû soutenir les grandes entreprises du secteur des matières premières, grandes consommatrices de billets verts, ainsi que les banques locales. La baisse continue des cours du pétrole a creusé le déficit budgétaire. Une situation qui a poussé Moscou à faire appel aux investisseurs internationaux.

Mais la participation de ces derniers était loin d'être acquise. Malgré le rendement plutôt attractif offert par ces obligations, entre 4,65 % et 4,90 % quand le taux à 10 ans français tourne autour de 0,52 %, ils devaient bien peser leurs risques. Car tant Washington que Bruxelles ont clairement fait connaître leur opposition à cette opération, qui apparaît comme un moyen de contourner les sanctions. Certes,dans son prospectus, la Russie a pris la peine de préciser que les fonds levés ne seraient pas utilisés pour financer des activités tombant sous le coup des sanctions, mais des craintes subsistaient.

Extraterritorialité du droit américain

Si, dans le principe, les pouvoirs publics ne peuvent pas formellement interdire aux gérants d'acheter les titres émis par la Russie, le danger est bien réel. La justice américaine peut en effet se déclarer compétente pour traiter une affaire dès lors que le dollar a été utilisé dans une transaction, comme l'a montré l'affaire BNP Paribas. Elle pourrait donc décider de condamner les investisseurs si elle estiment que ces derniers ont favorisé l'accomplissement d'objectifs illicites. Cette menace, ainsi que d'autres à demi voilées des différents gouvernements à l'initiative des sanctions, ont d'ailleurs déjà fait plier les grandes banques d'affaires. Sur la vingtaine d'établissements internationaux contactés par Moscou pour organiser la levée de fonds - dont, selon Bloomberg, Deutsche Bank et Goldman Sachs - aucune n'a souhaité participer. C'est la banque russe VTB, qui, seule, est à la manoeuvre. Une situation qui explique également la faible envergure initiale de l'opération.

Pour Moscou,il s'agissait avant tout d'un test symbolique. Le pays a montré qu'il pouvait se financer malgré les sanctions, et avec une demande très au-dessus des attentes. Reste à connaître la proportion exacte d'investisseurs étrangers dans le total des ordres.

Guillaume Benoit / les Echos