À l'issue d'un énième rassemblement « exceptionnel » des ministres des Finances de la zone euro sur la Grèce, qui s'est tenu lundi 9 mai à Bruxelles, le président de l'Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, paraît soulagé. Et pour cause : après avoir fait adopter une réforme des retraites et une augmentation de l'impôt sur le revenu dimanche, le gouvernement grec remplit a priori toutes les conditions pour obtenir une nouvelle tranche du plan d'aide de 86 milliards de prêts d'ici fin 2018. Sauf imprévu, il devrait donc recevoir une nouvelle aide financière lui permettant d'éviter un défaut de paiement à l'été vis-à-vis de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international (FMI). L'annonce devrait intervenir le 24 mai lors de la prochaine réunion de l'Eurogroupe. Car la décision ne peut être formellement prise avant que la fameuse Troïka (Commission, BCE, FMI) ne remette ses conclusions sur l'application des mesures exigées.
Des progrès « importants »
En attendant, les Européens espèrent encore convaincre le FMI, institution présidée par la Française Christine Lagarde, de participer au troisième plan de sauvetage. La réunion de lundi a en effet permis à la Grèce et le reste de la zone euro de rapprocher leur point de vue sur la mise en place de coupes automatiques dans les dépenses si, comme le craint le FMI, les mesures adoptées jusqu'à présent se révélaient insuffisantes pour garantir l'objectif de 3,5 % du PIB d'excédent budgétaire primaire (hors intérêts de la dette) à partir de 2018.
Ces coupes indifférenciées dans les dépenses seront automatiquement déclenchées si la trajectoire fixée n'est pas tenue. Mais elles pourront être remplacées dès le budget suivant par des mesures plus structurelles, y compris d'augmentations des impôts, afin d'atténuer le risque qu'elles entraînent une dépression économique, comme Christine Lagarde en avait exprimé la crainte. « Je salue ce progrès important », a déclaré le commissaire aux affaires économiques, Pierre Moscovici, à l'issue de la réunion.
L'implication du FMI toujours incertaine
Jugée indispensable par de nombreux États de la zone euro pour continuer à financer la Grèce, la participation du FMI ne sera acquise que si les Européens acceptent d'alléger la dette grecque, que l'institution dirigée par Christine Lagarde juge insoutenable.
Pour la première fois, les ministres des Finances de la zone euro ont accepté d'en discuter formellement. « Je pense qu'à un moment, il y aura un problème de soutenabilité de la dette », a reconnu Jeroen Dijsselbloem. Cependant, un accord est loin d'être acquis. Les ministres des Finances se sont tout juste entendus pour explorer, dans les semaines à venir, des options techniques permettant de réduire le poids annuel du remboursement de la dette sur le budget grec, « à court, moyen et long terme », sans pour autant accorder une remise de dette pure et simple.
Vers un allègement du fardeau grec ?
À court terme, les possibilités pour alléger le fardeau grec sont limitées. Tout simplement parce que la Grèce a déjà obtenu une période de grâce de 10 ans avant de rembourser une bonne partie de ses prêts.
À l'expiration du programme d'aide fin 2018, la zone euro pourrait avoir des marges de manœuvre pour allonger les maturités des prêts, accorder des périodes de grâce supplémentaires et pour réduire encore les taux d'intérêt demandés. Mais la véritable question porte sur le long terme. Ainsi, les Européens peuvent-ils raisonnablement exiger un excédent primaire de 3,5 % du PIB pour la Grèce pendant des dizaines d'années – et alors que la France, en comparaison, est toujours en déficit primaire ?
La réponse est évidemment non. La question reste posée : parviendront-ils à s'entendre pour réduire suffisamment le fardeau grec pour convaincre le FMI de la crédibilité de leur plan de sauvetage ? Les Allemands l'accepteront-ils ? Les experts de la Commission et des États membres ont deux semaines pour répondre à ces questions en faisant des propositions.
Avec le Point