Le Premier ministre sortant, Pedro Passos Coelho, devrait être reconduit à l'issue des législatives du 4 octobre, malgré les sacrifices imposés par la crise.
Quel est, outre leur appartenance à la droite modérée, le point commun entre le Premier ministre britannique David Cameron et son homologue portugais Pedro Passos Coelho ? Ils ont l'un et l'autre été reconduits cette année dans leurs fonctions en dépit de la politique de rigueur qu'ils ont infligée à leurs concitoyens.
La victoire de Passos Coelho aux législatives du 4 octobre est certes très relative, tout comme sa majorité, elle n'en est pas moins réelle : la coalition de centre droit qu'il dirigeait obtient plus de 38 % des suffrages, soit six points d'avance sur les socialistes, alors qu'à quelques jours du scrutin, les deux blocs étaient au coude à coude dans les sondages. Elle devrait donc être reconduite dans les prochains jours.
Un quart de la population sous le seuil de pauvreté
Ce succès est même étonnant si l'on considère la litanie de mesures impopulaires que l'austère quinquagénaire a prises depuis son arrivée au pouvoir, il y a quatre ans. Lorsqu'il succède au socialiste José Socrates, il prend les rênes d'un pays frappé de plein fouet par la crise mondiale. Au point de devoir, comme l'Irlande et la Grèce, recourir à un plan de sauvetage s'élevant à 78 milliards d'euros. En échange de quoi la fameuse « troïka » (Banque centrale européenne, Union européenne et Fonds monétaire international) lui impose la même potion amère qu'aux deux autres bénéficiaires.
Augmentation du temps de travail, suppression de quatre jours fériés, limitation des heures supplémentaires, baisse de la rémunération des fonctionnaires, gel du salaire minimum (505 euros), hausse des impôts, rabotage des prestations sociales ; la législature écoulée se résume à une succession de mesures qui ont entraîné une paupérisation de la société portugaise, le quart de la population vivant désormais sous le seuil de pauvreté.
Baisse du chômage et reprise de la croissance
Que le coût humain de l'austérité ait provoqué, à la faveur de ces législatives, une percée à plus de 10 % du Bloc de gauche, équivalent de Syriza en Grèce ou de Podemos en Espagne, n'est que logique. En revanche, que Passos Coelho et les siens, bien qu'affaiblis, aient pu survivre politiquement à cet équarrissage laisse perplexe.
Les raisons sont multiples, mais la plus évidente tient en quelques chiffres. Le taux de chômage qui avait culminé à plus de 17 % au plus fort de la crise est retombé sous la barre des 12 % et, après sept années de récession, la croissance amorcée timidement l'an dernier devrait être cette année de 1,6 %. Bref, le Portugal, qui est sorti par anticipation du plan de sauvetage, commence à toucher les dividendes de sa vertu.
Spectacle de désolation grec
La bonne tenue de la coalition sortante est également due à l'absence de véritable alternative. Bien sûr, il y a le Parti socialiste, mais son chef, Antonio Costa, qui a cautionné le programme de la troïka, avait également renoncé à remettre en cause la discipline budgétaire suivie jusqu'à présent, insistant plutôt sur la nécessité de mesures d'accompagnement. En outre, la gauche dans son ensemble, théoriquement majoritaire, est trop émiettée pour constituer une coalition crédible.
Dernier facteur à avoir joué en faveur de la continuité : la Grèce, vue de Lisbonne comme l'épouvantail absolu. Le spectacle de désolation économique et sociale offert par Athènes a convaincu nombre de Portugais qu'il valait mieux se serrer la ceinture que de subir le même sort.
Mais Pedro Passos Coelho doit savoir que son nouveau CDD ne devra pas ressembler au précédent. Après des années de sacrifices et alors que la plupart des indicateurs économiques sont repassés au vert, les Portugais veulent un « retour sur investissement ». Faute de quoi le Premier ministre risque de ne pas arriver au terme de son mandat.
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