*Le score de la RD. Congo par rapport à l’Evaluation des Politiques de la Performance des Pays (CPIA) a pu progresser en 2013 de 2,7 à 2,9, soit une hausse de 0,2. Puis, à 3 sur 6 en 2014. Bien que le pays ait été le seul à avoir affiché une telle performance durant deux années consécutives, son score reste inférieur à la moyenne des pays de l’Association Internationale de Développement (IDA) de l’Afrique subsaharienne établie à 3,2 sur 6. Pour cela, un atelier a été organisé conjointement par le Gouvernement et la Banque Mondiale (BM), hier, à l’espace Roméo Golf, à la Gombe. Les objectifs visés par cet évènement consistaient, entre autres, à renforcer les capacités des Ministères sectoriels et des services techniques pour une meilleure compréhension des critères et de la méthodologie d’évaluation du CPIA. Aussi, était-il question de promouvoir un processus participatif impliquant toutes les entités concernées dans le suivi de l’évaluation CPIA.
Selon Moustapha Ndiaye, Directeur des Opérations de la BM, l’évaluation CPIA est un exercice réalisé par cette institution dans le domaine de la gestion économique et de la gouvernance. Il s’agit, en effet, d’une évaluation qui vise à déterminer l’allocation de fonds, qui est celui du groupe de la BM accordé aux pays les plus pauvres. Tout en approuvant les performances de la RDC de ces dernières années, il a précisé que les progrès les plus sensibles sont au niveau de la dotation dans deux cas. En premier lieu, c’est la stabilité macro-économique et, deuxièmement, c’est l’adhésion de la RDC à l’OHADA et la réduction de micro taxe.
Cependant, un retard est observé au niveau de l’Etat, de la transparence de la gouvernance politique en faveur de l’inclusion où beaucoup reste encore à faire. Ces retards, précise-t-il, sont des défis pour le développement.
Au nom du Ministre des Finances, Louise Munga, la Ministre du Portefeuille, a indiqué que l’amélioration de la gouvernance dans toutes ses dimensions est au cœur de l’action du Gouvernement congolais à faire du pays, un Etat émergent à l’horizon 2030. Sur cet aspect des choses, plusieurs instruments sont mis en œuvre notamment, la matrice de mesure de gouvernance économique et les mesures pour l’amélioration du climat des affaires et du Doing Business. A l’en croire, chaque Année, la BM évalue les performances des pays à faibles revenus en matière de gouvernance, plus particulièrement, la qualité des politiques et des institutions. Cet exercice est sanctionné par la publication du rapport CPIA et lui permet de déterminer les allocations de prêts sans intérêts aux pays bénéficiant de l’appui IDA en fonction de notes obtenues par chacun.
En effet, depuis la coopération multilatérale en 2002, la note CPIA du pays est demeurée stationnaire autour de 2,7 sur 6 points, soit 45 %, niveau inférieur à la moyenne des pays IDA d’Afrique Subsaharienne établi à 3,2 points. D’après les évaluateurs, cette stationnarité de la note est consécutive à la contre-performance dans le domaine de la gestion publique et des institutions, dont la pondération représente 68 % de la note globale.
Pour approcher cette situation, le Gouvernement, à travers le Ministère des Finances, a recommandé une approche participative de l’évaluation CPIA. Ainsi, depuis 2012, sous la Coordination du Comité Technique de suivi des Réformes (CTR), cette évaluation est menée par les équipes de la BM, en collaboration avec les délégués nationaux des institutions, Ministères et services concernés par les différents indicateurs. Ce qui a permis de promouvoir un processus participatif avec la partie nationale, afin que la note absolue attribuée au pays soit suffisamment documentée et traduise fidèlement, les efforts réalisés par le Gouvernement.
Où en est la RDC ?
La RDC est désormais au-dessus de la moyenne des pays les plus fragiles et reste en-dessous de la production des pays AID sur le plan international. « Cette fragilité n’est pas une fragilité en soi », a expliqué Chabi Bou-Habib, Economiste principal de la BM. Les raisons de cette rigidité sont, entre autres, les notations individuelles des pays qui sont déterminées par rapport aux autres corporations et les réformes qui prennent du temps.
Pour relever les défis, il a émis quelques suggestions, particulièrement, dans l’amélioration soutenue de CPIA qui requiert un leadership de très haut niveau et une coordination sans faille au sein du Gouvernement. Il y a également l’adoption d’un horizon large et un programme d’action à moyen et long terme. Pour ce faire, la RDC pourrait se fixer l’objectif de passer de 3,0 à 3,6 sur une décennie. A cela s’ajoute, la prise en charge de l’évaluation CPIA par un comité technique restreint de suivi de réforme, une stratégie de communication claire.
Dressant le tableau de résultats produits dans le cadre de la gestion économique et politique structurelle, M. Tshimanga, Economiste-résident de la BM a déclaré qu’au niveau de la politique monétaire, il y a absence de recours au financement monétaire inflationniste, une forte dollarisation de l’économie et une faible couverture en réserves de charge. Et, la politique budgétaire est sous contrôle, avec 1,1 % du PIB. Mais, la performance des recettes est en dessous du potentiel, car il y a une faible contribution minière et des défis pour la collecte de la TVA.
Du point de la gestion de la dette, deux aspects sont soulevés: la viabilité et la gestion de la dette. La dette viable, c’est grâce à l’Initiative PPTE et à l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques. En outre, il y a une vulnérabilité aux chocs sur les cas des matières premières ainsi que l’absence d’une stratégie d’endettement. Cela, étant entendu que les buts et objectifs d’emprunts ne sont pas connus. La difficulté, ici, est le manque de cadre règlementaire et juridique qui n’est pas assez clair.
Critères d’évaluation CPIA
Il faut signaler que l’évaluation CPIA se fait à travers seize critères. Il s’agit de rubriques telles que la gestion économique qui prend en compte, la gestion macroéconomique, la politique budgétaire et la gestion de la dette publique ; les politiques structurelles liées notamment, au commercial, secteur financier, à l’environnement réglementaire des affaires ; à la politique d’inclusion sociale et d’équité qui, elle, s’intéresse au genre, à l’équité dans l’utilisation des ressources publiques, au renforcement des capacités en ressources humaines, à la protection sociale et main d’œuvre, ainsi que les politiques et institutions pour un environnement durable ; la gestion du secteur public et des institutions qui incluent les droits de propriété et la gouvernance, la qualité de la gestion budgétaire et financière, l’efficacité de la mobilisation des ressources, la qualité de l’administration publique et, enfin, la transparence, la responsabilité, sans oublier, l’aspect de corruption qui, très généralement, gangrène le secteur public.
Avec Judith Asina/ la prospérité