Alors que la tension diplomatique entre les deux pays ne faiblit pas, l’institut de notation analyse les différentes implications que pourrait avoir le conflit actuel sur leurs économies respectives.
Dans une note diffusée ce 21 juin, Fitch Solutions tente de mesurer les potentielles conséquences économiques de la crise diplomatique qui oppose la RDC et le Rwanda depuis plusieurs semaines. L’agence a étudié trois scénarios. Le premier, le plus probable (65 %), prévoit que les relations entre les deux pays restent « tendues » au cours des trimestres à venir, sans que cela ne débouche sur un conflit militaire à grande échelle. Notamment grâce à la médiation de la communauté internationale.
Investissements étrangers en jeu
Avec une économie « robuste » (6,4 % de croissance entre 2012 et 2021) et « largement tributaire d’importants flux d’investissements étrangers et d’aides financières », le Rwanda aurait selon Fitch Solutions tout intérêt à se tenir à l’écart des allégations dont l’accuse la RDC pour maintenir de fortes relations avec la communauté internationale et continuer à bénéficier de ses investissements. Selon le ministère rwandais des Finances et de la Planification économique, ces subventions représentent 16,1 % des recettes publiques dans le budget de l’exercice 2021-2022.
Croissance affectée
Dans un deuxième scénario, moins probable (25 %), dans lequel les forces armées de la RDC et du Rwanda s’affrontent régulièrement, Fitch Solutions prévoit une détérioration de la stabilité de la sous-région à moyen terme. Avec un marché fortement perturbé, les exportations rwandaises vers la RDC représentant 12,4 % du total des exportations du pays en 2021 et la seule raffinerie d’or du Rwanda reposant en majorité sur les minerais congolais, les deux économies risquent de voir leur croissance ralentir. En effet, dans ce scénario d’escalade, l’institut de notation revoit à la baisse ses projections de croissance à 5,5 % en 2022 et 6,3 % en 2023 pour la RDC et à 7,1 % et 7,8 % sur la même période pour le Rwanda.
« Dans ce scénario le plus sévère, les liens régionaux s’affaibliront considérablement dans les années à venir – il est même possible que l’EAC éclate. Il y aurait beaucoup moins de coopération sur les menaces sécuritaires, et la réduction des échanges commerciaux ralentirait le développement économique en Afrique de l’Est », prévient l’institut de notation.
Jeune Afrique