La Banque Mondiale a présenté jeudi, 1er octobre, à l’Hôtel Memling, la troisième édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la RD. Congo. Une activité placée sous le thème : « Renforcer la résilience de long terme de la RDC : le rôle de la dédollarisation, de la prospection artisanale et de la diversification économique ». En définitive, pour 2015 comme en 2014, la stabilité macroéconomique et la croissance sont encore soutenues, mais restent très vulnérables. Pour relever le défi, il faudrait absolument une diversification à l’intérieur du secteur minier, à travers les Petites et Moyennes Entreprises (PME), car créatrices d’emplois, ainsi que génératrices des revenus pour les ménages et recettes fiscales au niveau national et local.
Selon Ahmadou Moustapha Ndiaye, Directeur des Opérations de la BM en RDC, ce Rapport est une revue des principaux développements économiques couvrant l’année 2014 et la première moitié 2015. Il vise à porter le débat vers un public plus large et stimuler un dialogue sur les politiques publiques au niveau du pays, entre la RDC et les partenaires internationaux d’une part, et, de l’autre, entre les partenaires internationaux.
Cette édition montre que malgré les résultats positifs en matière de stabilité macroéconomique et de croissance, il existe une vulnérabilité sur le moyen et le long terme. Et, la résilience du pays nécessiterait une meilleure mobilisation des recettes du secteur des ressources naturelles, une réduction de la dollarisation, de la concentration de l’économie et une diversification des acteurs œuvrant dans le secteur minier.
Alors que la RDC est à la 16ème position parmi les 186 pays et territoires en termes de la part de la rente du secteur des ressources naturelles au Produit Intérieur Brut (PIB), elle se situe à la 104ème position parmi les 117 au niveau de la mobilisation. La forte dollarisation, quant à elle, réduit la marge des manœuvres de la politique monétaire et accroît la pression sur les réserves en devises. Au-delà des actions au niveau des recettes et de la politique monétaire, le rapport souligne également les risques que posent la concentration géographique. Une solution difficile en raison des déficiences en infrastructures et en qualifications.
Il faut signaler que, ce rapport a été remis officiellement entre les mains du Directeur de Cabinet du Ministre des Finances. Au nom du Gouvernement, il a remercié la BM dont la note d’analyse vise à assortir les travaux de l’économie congolaise. Toutefois, il est heureux que le rapport reprenne les performances du Gouvernement, grâce à la mise en œuvre de la politique monétaire cohérente. Au sujet du secteur minier, il est d’avis qu’il faut fournir beaucoup d’efforts, surtout par rapport au nouveau cadre juridique. Quant à la dédollarisation, il informe que les Autorités compétentes ont multiplié notamment la politique monétaire et la stabilité du système financier.
Un rapport édifiant
Faisant un aperçu dudit rapport, Emmanuel Moreira, Economiste en Chef pour la RDC a indiqué que, la croissance du (PIB) demeure robuste, tirée essentiellement par un secteur minier dynamique et par une reprise dans les autres secteurs. Seulement, cette croissance n’a pas permis d’augmenter significativement les recettes fiscales et d’accumuler d’importantes réserves de devises. Alors que l’activité minière se développe rapidement, les recettes fiscales de ce secteur n’augmentent pas au même rythme.
Cependant, l’insuffisance des recettes publiques, le faible niveau de réserves en devise, et la forte dollarisation fragilisent l’économie. Pour cela, une dédollarisation progressive de l’économie pourrait diminuer la dépendance à l’égard des réserves de change, augmenter les revenus du seigneuriage. Aussi, pourra-t-elle, restaurer le rôle de la politique monétaire dans la gestion économique. Car, les réserves de change de la Banque Centrale du Congo (BCC) sont évaluées actuellement à environ 57 % de la valeur des dépôts en devises étrangères. Pour ce faire, des niveaux inférieurs de dédollarisation, politique monétaire et de taux d’intérêt domestique qui seraient en mesure de jouer un rôle plus important dans la gestion macroéconomique et des chocs sont vivement souhaités. Car, ce système réduirait en partie les contraintes pesant sur les politiques budgétaires.
A cet effet, des propositions concrètes ont été faites, notamment à plus long terme. La résilience de la RDC va dépendre de la diversification de son économie et des exportations. Cela, puisque, le niveau élevé des exportations, soit 35 % et 41 % qui relèvent de la concentration géographique sont spécialement tournées vers la Chine. Ces transactions exposent le pays aux variations des prix des matières premières et aux fluctuations économiques de ses partenaires commerciaux.
Pourtant, la diversification économique n’a pu encore être réalisée dans la chaîne de valeur du secteur minier, faute d’un climat d’investissement favorable. Mais, le développement de ce lien est entravé par le manque de compétences techniques au niveau domestique. Plus particulièrement, le mauvais état des infrastructures électriques et de transport constitue un sérieux obstacle pour l’établissement de liens en aval. Comme remède, c’est la formalisation de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle qui permettrait à la RDC de créer des emplois, générer des revenus pour les ménages et des recettes fiscales aux niveaux national et local. Contrairement à l’activité minière industrielle qui requiert d’importants investissements en capital physique, l’Exploitation Minière Petite et Artisanale (EMPA) est intensive en main d’œuvre. D’ailleurs, on estime à 870 000 personnes, les deux sexes confondus dont l’âge varie entre 15 et 64 ans, qui sont employés dans ce secteur. En RDC, la diversité de l’EMPA rend difficile l’estimation des rémunérations perçues par les populations. Une situation aggravée par les relations de travail informel qui régissent la vie du mineur.
Avec Judith Asina/ la prospérité