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Dans un nouveau volet de l’enquête Congo Hold-Up, les journaux belges De Standaard , Le Soir et le site d'information français Mediapart se sont intéressés à l’origine des bus du projet Trans-Academia, présentés comme un don du président Félix Tshisekedi. Ces bus ont été achetés par son gouvernement à l’une des sociétés de Philippe de Moerloose, un homme d’affaires belges soupçonné de corruption.

Le 24 février, c’est la fête sur le campus de l'Institut supérieur du commerce (ISC) de Kinshasa. Les étudiants se voient dotés de bus scolaires flambant neufs. Le président Félix Tshisekedi leur remet personnellement. Du haut d'un podium, entouré de responsables politiques et académiques, le président passe en revue des dizaines de bus bleus. "Don du président de la République", peut-on lire sur chaque bus, à côté du visage rayonnant de M. Tshisekedi. Ces bus doivent fournir à 25 000 étudiants les transports publics dont ils ont tant besoin. Alors que les étudiants applaudissent derrière une haie de soldats, le recteur de l'ISC exprime son "immense gratitude à Son Excellence, Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo".

D'où vient ce "don" présidentiel ? Les bus Volvo font partie d’un lot de 440 bus Volvo B270F - un modèle rudimentaire mesurant 12,6 mètres de long et 3,5 mètres de haut - achetés par le gouvernement Tshisekedi en 2019 pour un montant de 72,8 millions de dollars. Ils devaient servir à la société de transport public Transco. Les cent derniers ont été mis à disposition pour le projet Trans Academia.  Les recherches menées par De Standaard, Le Soir et Mediapart démontrent que ces bus ont été achetés à SMT Africa, une société appartenant à l'entrepreneur belge Philippe de Moerloose. Le Trésor congolais a transféré des millions chaque mois jusqu'au 16 mars de cette année sur le compte bancaire de la SMT à la banque togolaise Ecobank. Les documents Congo Hold-Up ne permettent pas de déterminer le montant que le Belge a lui-même payé pour les bus. Philippe De Moerloose n’a pas répondu à cette question. Mais selon les calculs faits par les confrères, le prix à l’unité était de 165 000 euros, le bus, transports et services compris.

Volvo Group répond, mais ne commente pas les prix payés par De Moerloose pour les bus. "Le groupe Volvo est conscient des allégations contenues dans votre requête et a pris les mesures nécessaires pour enquêter", a déclaré son porte-parole Claes Eliasson. Il assure que Volvo n’a pas de visibilité sur les prix appliqués par ses revendeurs mais suit une politique anti-corruption stricte.

Congo Hold-up avait déjà, montré fin 2021, comment le multimillionnaire belge a amassé une fortune grâce à des contrats signés avec le régime de l'ancien président Joseph Kabila. Entre 2009 et 2021, le Trésor congolais a transféré 742,9 millions de dollars à ses sociétés. De Moerloose vendait des machines agricoles et des équipements lourds à des prix exorbitants, qu’il revendait à la RDC jusqu’à sept fois plus cher que leur prix d’achat. Il a réalisé des dizaines de millions de dollars de bénéfices et est devenu l’un des hommes les plus riches de Belgique. La justice belge a par la suite, début 2022, ouvert une enquête sur des soupçons de corruption et a mené des perquisitions. Sur les allégations de corruption et surfacturation,l’entrepreneur belge avait tout démenti en bloc. 

Les révélations du dossier "Congo Hold-up" et l'enquête de la justice belge sur d'éventuels pots-de-vin ne sont pas passées inaperçues auprès des services internes d'Ecobank. Le 22 juin 2022, une semaine après les perquisitions, le département conformité bloque une transaction bancaire avec SMT Africa.  Une note du service de conformité d’Ecobank obtenue par l’enquête Congo Hold-up indique également qu'EcoBank a envoyé une déclaration à la cellule française de lutte contre le blanchiment d'argent (Tracfin) en 2021 parce qu'une "partie" du montant de la transaction pour les 440 bus Volvo "n’a pas été justifiée par une documentation correcte". 

Nos confrères disent avoir interrogé la Présidence et le gouvernement congolais et n’avoir obtenu aucune réponse.

 

Une enquête à lire dans son intégralité sur les sites de MediapartLe Soir et De Standaard.

 

 

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