A la veille de la publication des chiffres de la croissance chinoise au troisième trimestre, qui ne devraient pas atteindre l’objectif d’une progression de 7 % du PIB, le président Xi Jinping a reconnu avoir des « inquiétudes » sur l’économie chinoise. Le chef d’Etat chinois, dans un entretien écrit accordé à l’agence Reuters en amont de sa visite au Royaume-Uni, explique « travailler dur » pour y répondre.
M. Xi se veut toutefois rassurant et fait valoir qu’ayant dépassé les 10 000 milliards de dollars, le PIB chinois connaît une augmentation annuelle du niveau de l’économie d’un pays de taille moyenne. De son côté, le premier ministre, Li Keqiang, a reconnu samedi qu’atteindre 7 % de croissance n’est « pas facile ».
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- Une compétitivité écornée
Premier exportateur mondial, la Chine souffre de la hausse des salaires de ses ouvriers, pourtant nécessaire pour faire d’eux des consommateurs. Il faut pour pallier cette perte de compétitivité-prix face à des pays à bas revenus, d’Asie du Sud-Est par exemple, développer le secteur des services et progresser dans des industries à plus forte valeur ajoutée — Pékin souhaite par exemple profiter du passage de Xi Jinping à Londres et Manchester pour faire la promotion de centrales nucléaires chinoises.
Etre au premier rang des exportateurs expose par ailleurs lourdement le pays aux risques externes. Comme le relève le président chinois :
« En tant qu’économie liée de près aux marchés internationaux, la Chine ne peut pas rester indemne à la performance terne de l’économie mondiale »
- Une transition délicate
La deuxième économie de la planète est dans une phase de rééquilibrage délicate. Le modèle reposant sur les investissements colossaux de l’Etat dans les infrastructures (routes, nouveaux quartiers, ports, voies ferrées, etc.) a permis une ascension spectaculaire depuis les débuts de la politique dite de « réforme et d’ouverture » initiée par Deng Xiaoping au tournant des années 80, mais il a vécu.
La nécessité pour les collectivités locales d’investir sans cesse davantage pour tirer la croissance s’est traduite par une expansion de leur endettement. La République populaire étant depuis devenue un pays à revenus intermédiaires, c’est le moteur de la consommation des ménages qui doit progressivement prendre le relais.
Or, après une phase de confiance sans limite, s’est ouverte une période d’interrogations, notamment sur la capacité même du régime à réformer pour que le secteur étatique cède de l’espace.
- Une volatilité symptomatique
Ces questionnements sont source de volatilité. L’exemple du marché boursier est révélateur : l’indice de Shanghaï a gagné un peu plus de 150 % sur l’année courant jusqu’au 12 juin et ce malgré une croissance morose à l’échelle chinoise, avant une spectaculaire dégringolade. L’ascension se fondait précisément sur une confiance aveugle dans la capacité de Xi Jinping à adapter le système pour maintenir le rythme, un dogme aujourd’hui remis en question.
Ces à coups sont à leur tour source d’une difficulté nouvelle, car ils incitent l’Etat à recourir précisément aux méthodes dont il promet de se départir. Le gouvernement a par exemple menacé d’enquête les traders qui parieraient sur la baisse des cours et a investi massivement pour stabiliser l’indice alors que le même Xi Jinping s’est engagé à laisser le marché jouer un rôle « décisif ».
Avec Le monde