Loading Page: ADOPTION AU JAPON D’UNE LOI ANTI-CONSPIRATION TRÈS CRITIQUÉE - RDC finance - RDC économie: toute l'information économique de la RDC

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Catégorie : Asie
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Le bloc conservateur au pouvoir au Japon a fait passer jeudi à la chambre haute du parlement un texte de loi sur les conspirations en vue de commettre des actes terroristes et autres crimes graves, malgré les inquiétudes soulevées par le projet quant aux libertés civiques.

La chambre basse (chambre des représentants) avait déjà entériné la loi en mars dernier.

L’adoption du projet de loi, qui a fortement partagé l’opinion publique, est intervenue après des manoeuvres dilatoires de l’opposition, des manifestations de rue et les objections émises par un expert des Nations unies. Le vote s’est tenu quelques jours avant la fin de la session parlementaire le 18 juin.

Les gouvernements nippons successifs avaient tenté à trois reprises ces dernières années de faire adopter une législation analogue, que les autorités jugent nécessaire pour pouvoir ratifier un traité de l’Onu de lutte contre le crime organisé, mais aussi pour empêcher des actes terroristes, Tokyo s’activant pour accueillir les Jeux olympiques de l’été 2020.

“Il ne reste que trois ans avant les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et j’aimerais ratifier dès que possible le traité sur le crime organisé, de sorte que nous puissions résolument coopérer avec la communauté internationale en vue d’empêcher le terrorisme”, a déclaré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, à la presse. “C’est pour cela que la loi a été adoptée”.

La loi prévoit de pénaliser la conspiration et s’appliquera à toute personne reconnue coupable de préparer l’un des 277 “crimes graves” répertoriés par ladite loi, au nombre desquels figurent des actes sans lien clair avec le terrorisme ou le crime organisé, comme le fait de participer à un sit-in pour protester contre la construction d’immeubles d’habitation ou le fait de copier de la musique, a fait remarquer la fédération du barreau japonais.

UNE OPINION TRÈS PARTAGÉE

Les détracteurs de la loi affirment qu’elle participe de la volonté de Shinzo Abe d’accroître les pouvoirs de l’Etat et ils redoutent que les simples citoyens n’en soient la cible, même si le gouvernement affirme le contraire.

Renho, le chef de file du Parti démocrate du Japon (PDJ, opposition), s’en est pris vivement à la méthode du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir et a qualifié la loi de “brutale”, estimant qu’elle s’attaquait à la liberté de pensée.

Combinés à un élargissement du champ légal des écoutes téléphoniques et de la réticence des tribunaux à limiter les pouvoirs de surveillance de la police, ces changements pourraient avoir un effet dissuasif sur l’opposition des citoyens de base à la politique gouvernementale.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la vie privée, Joseph Cannataci, avait écrit en mai à Shinzo Abe pour attirer son attention sur le fait que la loi pourrait “entraîner des restrictions indues du droit à la vie privée et de la liberté d’expression”.

Dans un courriel adressé à Reuters, Cannataci a estimé que le gouvernement japonais avait eu recours à la “psychologie de la peur” pour faire adopter une “législation déficiente”.

Selon un sondage réalisé en mai pour l’agence de presse Kyodo, l’électorat était très partagé sur le projet de loi, 39,9% des personnes interrogées disant le soutenir et 41,4% s’y opposant.

 

Avec Afp