La plupart des présidents américains quittent la Maison Blanche avec l’intention de se plonger tranquillement dans une retraite bien méritée. La peinture pour George Bush, les documentaires Netflix pour Barack Obama... Mais Donald Trump, une fois de plus, ne suivra pas l’exemple de ses pairs.
Le 45e président des États-Unis, dont le mandat se termine ce mercredi 20 janvier à 12h00 à Washington avec l’investiture de Joe Biden, ne peut en effet pas espérer un retour à la vie civile des plus paisibles. En plus d’être pourchassée par le fantôme de la politique avec une procédure de destitution toujours en cours, l’ancienne star de télé-réalité va avoir bien du mal à rendosser le costume d’homme d’affaires à succès autour duquel il avait construit son image et sa supposée fortune avant de mettre les pieds dans le Bureau ovale.
Tenu par beaucoup comme responsable de l’incroyable attaque du Capitole le 6 janvier 2021, Trump paie non seulement le prix politique de ses actions avec un 2e impeachment et des pontes républicains qui lui tournent le dos, mais semble aussi parti pour voir son portefeuille personnel sérieusement puni avec la perte de partenaires financiers majeurs.
Les banques se retirent
L’un des plus gros coups durs pour Trump est arrivé mardi 12 janvier, quand il a été rendu public par le New York Times que sa banque historique, la Deutsche Bank, le lâchait. L’établissement allemand a décidé de ne plus faire affaire avec le président américain ou avec ses entreprises à l’avenir alors qu’il était resté à ses côtés dans les moments les plus durs.
C’était d’une part l’une des seules grandes banques occidentales à avoir continué à lui prêter de l’argent pour construire son empire malgré la faillite de plusieurs de ses casinos dans les années 90, mais l’institution a aussi gardé son client quand elle s’est retrouvée au milieu des enquêtes sur les soupçons de collusion Trump et la Russie, sur ses feuilles d’impôts ou encore sur des prêts liés à l’entreprise immobilière de la famille de son gendre.
La dirigeante de la filiale américaine de la banque, Christiana Riley, avait quelques jours avant sévèrement condamné l’attaque du Capitole sur le réseau social LinkedIn en dénonçant “un jour sombre pour l’Amérique et (sa) démocratie. (...) Les scènes qui se sont déroulées sont une honte pour la nation toute entière”. La banque ne devrait toutefois pas complètement couper les ponts avec le 45e président. Comme le rappelle le New York Times, ce dernier a en effet encore plus de 300 millions de dollars de dettes à rembourser à l’établissement.
Sans compter qu’une autre institution gérant des comptes personnels de Trump a également commencé à les fermer, a-t-on appris le même jour. Signature Bank, qui s’est en plus engagée ”à ne plus collaborer à l’avenir avec aucun des membres du Congrès ayant voté contre” la certification de l’élection de Joe Biden, abritait jusqu’à maintenant, 5,3 millions de dollars appartenant au président.
Le monde du golf prend ses distances
Persona non grata dans ses banques, le président déchu est devenu en même temps infréquentable dans le monde du sport. Dimanche, la Professional Golfers’ Association d’Amérique a décidé de ne pas organiser son championnat 2022 au Trump National à Bedminster, dans le New Jersey. “Notre marque était en jeu”, a justifié Seth Waugh, le directeur général de l’instance organisatrice de ce tournoi du Grand Chelem.
Dès le lendemain, le Royal and Ancient Golf Club, l’instance dirigeante du golf mondial, a annoncé que le complexe Trump Turnberry en Écosse, où s’est déjà tenu plusieurs fois le British Open, n’accueillerait pas non plus de sitôt ce tournoi majeur dans le monde du golf. Si elle n’a pas expressément avancé l’argument politique, le club l’a induit fortement: “Nous n’y reviendrons pas tant que nous ne serons pas convaincus que l’accent sera mis sur le tournoi, les joueurs et le parcours.”
Turnberry comme Bedminster, où Trump a joué des centaines de parties durant son mandat, font partie des 17 parcours dont il est propriétaire à travers le monde et sont des emblèmes de son empire. Bob Dorfman, expert en marketing sportif interrogé par l’agence de presse Reuters, estime que ces deux décisions sont “un coup financier avant tout, organiser un Majeur génère des revenus significatifs et offre une exposition médiatique importante aux parcours, les rendant plus populaires”. Une difficulté dont Trump n’avait vraiment pas besoin: son terrain écossais avait déjà perdu trois millions de dollars en 2019.
New York monte au créneau
Et il n’y a pas que les banques et le sport qui ont décidé de tirer un trait sur la marque Donald Trump. Comme si cela ne suffisait pas, New York s’est ajoutée mercredi 13 janvier aux organisations qui ne veulent plus faire affaire avec son entreprise.
Le maire démocrate a annoncé que la ville natale du président mettait fin aux contrats qui confiaient à la Trump Organization la gestion deux patinoires de Central Park à Manhattan et un terrain de golf du Bronx (vidéo ci-dessous)
“New York ne fait pas affaire avec des éléments insurrectionnels. Si une entreprise ou la direction d’une entreprise participe à des activités criminelles, nous avons le droit d’y mettre fin”, a assuré Bill De Blasio qui a expliqué que ses juristes avaient conclu qu’après les violences du Capitole, la ville était dans son droit d’interrompre ces contrats qui rapportent à Trump quelque 17 millions de dollars par an.
Dans les années 80, alors que Donald Trump était en pleine ascension dans le monde de l’immobilier, sa société avait repris la gestion des deux patinoires de Central Park: la Wollman Rink, la plus connue et la plus touristique, au sud du parc, construite en 1950 et restée plusieurs années fermée pour travaux au début des années 80, et la Lasker Rink, plus au nord, construite en 1966.
Des installations dont le septuagénaire était très fier, et qu’il citait régulièrement comme preuves de ses talents d’entrepreneur immobilier, mais dont il ne pourra plus se vanter après son départ de la Maison Blanche. Non pas qu’il devrait avoir beaucoup de temps pour s’en inquiéter entre ses différentes pistes de reconversion et les poursuites judiciaires qui l’attendent.
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