Renversé en septembre dernier, le président Alpha Condé avait été officiellement libéré fin avril par les militaires au pouvoir en Guinée, qui ont indiqué qu’il est « libre » de ses mouvements.
L’ancien président guinéen Alpha Condé (photo) est poursuivi avec 26 anciens membres de son régime pour des crimes d’atteinte à la vie humaine. C’est ce que révèle un document officiel du procureur général près la cour d’appel de Conakry, publié ce mercredi 4 mai 2022.
Selon le document, dont l’Agence Ecofin a pu obtenir une copie, Alpha Condé et ses proches sont soupçonnés d’atteintes « volontaires à la vie humaine, notamment de meurtre, assassinat et complicité de meurtre et assassinat ; d’atteintes involontaires à la vie ; d’atteintes à la personne constituées par les disparitions forcées, détention, enlèvement », ainsi que d’atteintes volontaires à l’intégrité physique de la personne, notamment « la torture ou les traitements cruels inhumains ou dégradants ». A cela s’ajoutent des accusations de coups, blessures et violences volontaires, d’agressions sexuelles, d’atteintes aux libertés de la personne et d’atteinte à l’économie nationale.
D’après le procureur Alphonse Charles Wright, ces poursuites font suite à une plainte du Front national de défense de la Constitution (FNDC), un groupe dont les activités ont été longtemps réprimées sous le mandat d’Alpha Condé, en raison de son opposition à un troisième mandat de l’ancien dirigeant. Faut-il encore le rappeler, ce dernier avait été renversé en septembre dernier, et avait été libéré fin avril par la junte au pouvoir, qui avait indiqué qu’il est désormais « libre de ses mouvements », mais continuera de faire l’objet d’une « protection adéquate ».
Parmi les co-accusés du chef d’Etat déchu, on retrouve de hauts cadres de l’ancien régime, dont l’ancien président de la cour constitutionnelle Mohamed Lamine Bangoura, l’ancien ministre de la Défense Mohamed Diané, l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Kondiano, ou encore l’ancien Haut Commandant de la gendarmerie nationale, le général Ibrahima Baldé. Pour l’heure, les détails de cette nouvelle procédure n’ont pas encore été révélés, mais cette nouvelle décision semble marquer le début d’un feuilleton judiciaire qui devrait agiter l'actualité politique guinéenne pour les prochaines semaines.
Moutiou Adjibi Nourou / Ecofin