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Considérée comme une véritable institution au Congo-Kinshasa, l'illustre compagnie minière, spécialisée dans l'exploitation du cuivre dans l'ex-Katanga, a connu ses heures de gloire durant les décennies passées, avant de connaître un trou d'air, cumulant les difficultés. Mais l'espoir d'un redressement est permis. Reprise en main en 2010 par Albert Yuma Mulumbi, le patron des patrons congolais, qui a pris la tête de son conseil d'administration, l'entreprise vient d'annoncer un plan de relance ambitieux, destiné à lui permettre d'affronter de nouveau la concurrence et la conjoncture, toujours capricieuse dans un secteur soumis aux fluctuations des cours mondiaux.

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« Personne n'a intérêt à voir mourir la Gécamines. » Dans l'ex-Katanga comme dans le reste de la RDC, cette quasi-maxime revient comme un leitmotiv. Dans son discours du 31 juillet dernier, l'opposant politique Étienne Tshisekedi n'a d'ailleurs pas manqué d'y faire référence, signe d'un attachement largement partagé dans le pays pour la « Géca ». Certes, la Gécamines déchaîne souvent les passions. Et le débat dont elle est régulièrement l'objet n'est pas dénué de toute politisation. Mais il est une chose sur laquelle les Congolais s'accordent : la Gécamines est une institution, qu'il faut respecter et conforter. Par tous les moyens. Hors de question donc de la ranger dans un tiroir dédié aux gloires du passé. Bon gré mal gré, elle continue d'incarner l'avenir minier de la RDC. « Elle a beau être souffrante, tout le monde est convaincu qu'elle peut être soignée et qu'elle est encore promise à un bel avenir », nous confie une experte du secteur minier, basée à Goma dans l'est de la RDC.

Consensus politique et plan de relance

Justement, c'est bien d'avenir dont il est question aujourd'hui à la Gécamines. Albert Yuma Mulumbi, son PCA depuis 2010, a mis sur pied un plan de relance de l'entreprise afin de la remettre dans le sens de la marche. Un plan de plus, diront les caciques non sans rappeler que les précédents ont échoué à atteindre leurs objectifs. Mais cette fois-ci, l'histoire pourrait bien… ne pas se répéter. En effet, le management semble bien décidé à appliquer une thérapie à la hauteur du mal qui ronge la compagnie nationale depuis de trop longues années. Et sur le fond, il est vrai que ce nouveau plan diffère des précédents sur certains points majeurs. L'espoir d'un redressement réel est donc légitimement permis.

Pour commencer, la Gécamines entend maîtriser son endettement, tout en réduisant son coût de fonctionnement à travers la limitation de ses charges fixes.

Dans le cadre de son nouveau programme de modernisation, la Gécamines compte en effet investir jusqu'à 717 millions de dollars d'ici à 2020. Mais afin de ne pas alourdir outre mesure sa dette, seulement un tiers de ce montant sera financé par emprunt bancaire a annoncé Albert Yuma Mulimbi, soit 195 millions de dollars au total. Pour le reste, ce plan de financement sera assis, en partie, sur les ressources propres de la compagnie à travers le développement notamment du périmètre minier de Kamfundwa, autrement dit par une augmentation de la production (la Gécamines prévoit de produire 74 000 tonnes de cuivre d'ici à deux ans, avec une production en rythme de croisière annuel de 55 000 tonnes, contre 19 000 tonnes à l'heure actuelle). Cette augmentation de la production devrait aussi être la conséquence de la mise en valeur de ses autres actifs. La combinaison de ces différentes actions contribuera ainsi à réduire une dette qui, en réalité, est déjà sous contrôle depuis 2010. De 1 667 milliards de dollars cette année-là, l'endettement de la compagnie est aujourd'hui passé à 1 579 milliards. Par ailleurs, la Gécamines prévoit en parallèle de mettre en œuvre un plan de départ en retraite (anticipé ou non) pour 2 250 de ses salariés (sur un total de 11 000), dont le coût s'élèvera à 115 millions de dollars (compris dans le total de 717 millions). Des départs qui, selon Albert Yuma Mulimbi, dont les relations avec les syndicats sont bonnes, « devraient sensiblement réduire les coûts de l'entreprise ».

Engendrer des revenus

Deuxième axe stratégique, la Gécamines entend nouer des partenariats d'un nouveau genre afin de lui permettre de maximiser ses revenus – tout en l'aidant, au passage, à mieux maîtriser son endettement. Le 8 juin dernier, à l'occasion de la présentation de la « stratégie de modernisation » 2016-2020 de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi a mentionné le projet de création d'une coentreprise avec China Nonferrous Mettal Mining (CNMC) pour l'exploitation du gisement de cuivre de Deziwa, près de Kolwezi, dans l'ex-Katanga. Avec des réserves estimées à 5 millions de tonnes de cuivre, Dewiza est l'un des permis les plus attractifs détenus par la Gécamines. L'accord prévoit également la construction de deux usines de transformation à même de porter la production de cuivre raffiné de la compagnie minière congolaise de 15 000 à 100 000 tonnes.

Assurer ses propres intérêts miniers et, partant, de ceux de la RDC

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« La Gécamines, qui assure la gestion des participations de l'État congolais dans le secteur minier, est bien décidée à ne plus se laisser tordre le bras par les multinationales du secteur minier », explique un analyste londonien. Pour la compagnie, propriété à 100 % de l'État congolais, le renouveau minier du pays passe par une défense acharnée de ses intérêts. Le calendrier faisant bien les choses, la Gécamines a l'occasion dès à présent de le démontrer à travers le dossier de cession du mégaprojet minier de Tenke Fungurume Mining par FreePort McMoran.

Le 9 mai dernier, l'entreprise minière Freeport-McMoRan, basée en Arizona aux États-Unis, fait part, par voie de communiqué, de son intention de revendre, via un holding immatriculé aux Bermudes, sa participation de 70 % dans TF Holdings, qui détient 80 % du projet de Tenke Fungurume Mining (TFM), à la compagnie chinoise China Molybdenum pour un montant de 2,65 milliards de dollars. Problème : la Gécamines, qui détient une participation effective de 20 % dans Tenke Fungurume mining S.A, n'a pas été tenue informée en amont des intentions de son partenaire américain. En outre, le droit de préemption dont elle bénéficie en cas de cession directe ou indirecte n'a pas été respecté. Au Congo-Kinshasa, nombreux sont alors ceux à s'émouvoir de l'attitude de FreePort-McMoran qui « a donné l'impression de faire peu de cas de la partie congolaise dans ce dossier », selon ce spécialiste du secteur minier en Afrique centrale.

Rapidement, l'État congolais qualifie d'« unilatérale » une telle cession et le management de la Gécamines fait aussitôt connaître son intention de défendre âprement ses intérêts dans un dossier qui rappelle fâcheusement le précédent Anvil. En 2011, ce groupe canadien entendait lui aussi revendre ses parts indirectes dans le projet minier de Kinsevere à China Minmetals Corporation ; mais face à la levée de boucliers de l'État et de la Gécamines, il avait dû rapidement rétropédaler et prendre en compte, au final, les exigences de la partie congolaise. Tout comme dans le cas d'Anvil, dans le dossier TFM, cette dernière entend s'inscrire dans le strict respect du droit afin de ne pas effrayer les investisseurs internationaux. Le droit, rien que le droit, mais… tout le droit, en somme.

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Des raisons d'y croire... cette fois-ci

Certes, les sceptiques diront qu'il s'agit pour la Gécamines d'un énième plan de relance. Que celui-ci s'inscrit, par ailleurs, dans un contexte économique difficile, marqué par un recul des cours mondiaux du cuivre (la tonne de métal s'échangeant actuellement aux environs de 4 800 dollars contre plus de 9 800 dollars fin 2011). Mais aussi dans une période de forte incertitude politique pour la RDC (avec, comme interrogation majeure, la date de tenue de l'élection présidentielle).

Mais cette fois-ci, la prise de conscience quant à la nécessité d'appliquer à la compagnie congolaise une thérapie à la hauteur du mal qui la ronge semble réelle. Et puis, pour la Gécamines et l'État congolais, la voie du redressement est la seule possible. En effet, même s'il est nécessaire de diversifier la structure de l'économie congolaise, le secteur minier continuera longtemps à tirer la croissance de l'économie au Congo-Kinshasa. Avec comme locomotive, en tête de convoi pour tirer les wagons, la Gécamines bien sûr.

Avec Prosper Bagondo/ le point

 

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