L’image de la République démocratique du Congoen matière de gestion des ressources naturelles est loin d’être reluisante. C’est du moins ce que renseigne un récent rapport diffusé par une ONG internationale basée aux Etats-Unis. Au terme de deux ans d’investigations menées particulièrement dans les entreprisespubliques phares à travers le monde, Natural Resource Governance Institute (NRGI) a publié un classementselon lequel la RDC occupe la 75ème position dans le secteur minier et le 84ème rang dans le domaine du gaz et du pétrole.
C’est le 28 juin dernier à Londres que Natural resource Governance Institute (Institut de gouvernance des ressources naturelles) a lancé officiellement son rapport 2017, portant sur l’indice de gouvernance des ressources naturelles à travers le monde. Spécialisé sur l’étude de gestion des industries extractives, cet organisme international basé aux Etats-Unis a tenu à rendre publiquesles données recueillies auprès de 81 pays entre 2015 et 2016 dans les domaines des hydrocarbures(gaz, pétrole) et des matières précieuses (mines).
« Ce classement est réalisé en fonction des performances de gouvernance dans chaque pays étudiés », commente à ce propos Jean-Pierre Okenda, le responsable pays de NRGI en RDC, qui procédait au même moment à la présentation de ce rapport à Kinshasa.
Face à un parterre de représentants des chancelleries occidentales, des organismes internationaux, des entreprises locales, des députés et des professionnels des médias, l’intervenant a soutenu que ces résultats sont fiables, dans la mesure où ils ont été collectés et confrontés par 150 consultants recrutés à travers le monde. Notamment surbase de leurs connaissances des pays étudiés et des matières extractives identifiées.
UN RAPPORT SUR BASE DESCRITERES OBJECTIFS
Ce classement, précise le responsable pays de NRGI en RDC, a l’avantage de s’appuyer sur des critères réellement objectifs. « L’indice de gouvernance des ressources naturelles est la somme totale de 89 évaluations spécifiques au secteur dans 81 pays (huit d’entre eux dont la RDC, sont l’objet d’évaluation de NRGI à la fois dans le secteur minier et le secteur du gaz et du pétrole),formulé en utilisant un cadre de 149 questions vitales, auxquelles 150 chercheurs ont répondu, en s’appuyant sur près de 10.000 documents », renseigne un communiqué de presse diffusé par l’organisme international.
« Pour chaque évaluation, note le communiqué, NRGI a calculé une note composite, en utilisant les notesde trois composantes de l’indice. Deux des composantes utilisées se composent de nouvelles recherchesbasées sur les réponses d’experts au questionnaire et mesurent directement la gouvernance des ressources extractives des pays ».
« Ainsi, affirme NRGI, la première composante - la réalisation de valeur - couvre la gouvernanced’allocation des droits d’extraction, d’exploration, de production, de protection environnementale, de collecte des recettes et des entreprises appartenant à l’Etat ».
« La deuxième composante - la gestiondes revenus - englobe la budgétisation nationale, le partage des recettes provenant des ressourcesnaturelles au niveau régional et les fonds souverains. La troisième composante évalue les conditions générales de gouvernance, s’appuyant sur les recherches existantes pour jauger le cadre de la gouvernance dans son ensemble », poursuit le communiqué.
COHYDRO, L’ENTREPRISE LA PLUS OPAQUE AU MONDE
« Dans le rapport officiel de NRGI, indique Jean-Pierre Okenda, la meilleure performance de la RDC dans l’index résulte de la réalisation de valeur provenant des minéraux, mais il reste encore énormément à améliorer. En effet, le secteur minier de la RDC est classé 75ème parmi les 89 évaluations réalisées dans le monde. Le secteur du gaz et du pétrole est, lui, placé au 84ème rang ».
Lorsque l’on considère les entreprises publiques qui œuvrent dans le secteur minier, la Gécamines est classée 53ème parmi les 74 entreprises étatiques dans le monde, atteste le rapport de NRGI. Au regard donc de différentes analyses réalisées, il ressort que le score de la RDC est étroitement lié à l’écart considérable entre le cadre juridique du secteur minier et sa mise en œuvre par le Gouvernement congolais, fait remarquer Jean-Pierre Okenda.
Contrairement aux mines, les hydrocarbures n’ont pas bonne mine, note le responsable pays de NRGI en RDC. Cohydro est notamment citée comme l’entreprise pétrolière publique la plus opaque au monde. « Elle ne possède pas de site internet fonctionnel, et aucun rapport financier annuel n’est accessible au public », révèle NRGI.
« Par ailleurs, commente Jean-Pierre Okenda, les règles sur la manière dont Cohydro doit vendre sa part de production ou le pétrole collecté auprès des partenaires sont quasi-inexistantes. De même, les règles régissant la relation fiscale entre le Gouvernement et Cohydro sont vagues. En outre, le Parlement n’est pas obligé de surveiller l’entreprise. Et il n’existe aucune exigence d’audit indépendant des entreprises appartenant à l’Etat de la RDC ».
C’est notamment face à ce tableau sombre que le rapport de cette ONG internationale classe la RDC au dernier rang des pays de la planète qui ont du mal à partager les recettes du pétrole. De même, dans le partage des recettes minières, le Congo a une côte médiocre, conclu tJean-Pierre Okenda.
Yves KALIKAT / forum des as